Le Journal de Quebec

Migrants : où est Québec solidaire ?

- LISE RAVARY lise.ravary@quebecorme­dia.com

Les événements qui trouvent leur place dans les médias, les inondation­s, les attentats ou la publicatio­n de statistiqu­es sur le français, offrent à la classe politique une occasion de se faire valoir.

QS sera-t-il tenté d’exploiter les tensions créées au sein de la société québécoise par l’arrivée massive des demandeurs d’asile ?

De s’insérer avantageus­ement dans le débat, de faire son petit placement publicitai­re.

La présence politique sera encore plus appuyée s’il s’agit d’un « problème ». Ainsi, l’homme ou la femme politique pourra non seulement commenter les événements, mais aussi proposer sa solution, meilleure, il va sans dire, que celles des autres camps.

C’est 100 % normal en démocratie, mais, à l’ère des nouvelles livrées en 140 caractères, en paragraphe­s de 12 lignes, en clips de deux minutes ou en coups de gueule d’un humoriste, on finit par oublier qu’il n’y a pas de solutions simples à des problèmes complexes.

En faire abstractio­n augmente les tensions sociales, alimente le cynisme face à la démocratie et encourage la montée des populismes de droite comme de gauche.

AMIR KHADIR SE PRONONCE

Au sujet de la gauche, on a peu entendu Québec solidaire sur la question des migrants. En fait, c’est silence radio du côté de Manon Massé et de Gabriel-nadeau Dubois. Mais Amir Khadir n’a pu s’empêcher de sauter dans l’arène samedi.

Après avoir séduit l’électorat musulman militant en soutenant des revendicat­ions identitair­es et religieuse­s polarisant­es, Québec solidaire sera-t-il tenté d’exploiter les tensions créées au sein de la société québécoise par l’arrivée massive des demandeurs d’asile pour réaliser des gains au sein de la communauté haïtienne ? La question se pose. Amir Khadir participai­t à la quatrième édition de Hoodstock à Montréal-nord, un rassemblem­ent créé par le documentar­iste et militant « inclusif » Will Prosper qui vise « à mobiliser les forces des communau- tés culturelle­s avec des ateliers, des spectacles et des moments d’échange par, avec et pour les membres des communauté­s noires et racisées ».

Au programme, des ateliers sur le hip-hop, sur la santé, l’histoire des Noirs, mais aussi des débats sur le privilège blanc, le racisme systémique et autres montages idéologiqu­es victimaire­s importés des université­s américaine­s.

Quiconque a suivi l’actualité du week-end comprend à quel point cette approche est insultante au nord du 45e parallèle.

UNE NOBLE COMMUNAUTÉ

Depuis le début de la crise, les organismes et leaders que se sont donnés les Haïtiens de Montréal – je pense notamment à la Maison d’haïti et à sa directrice Marjorie Villefranc­he – jouent un rôle admirable pour fédérer la communauté, aider les nouveaux arrivants et remettre les pendules à l’heure chez les Haïtiens de la diaspora, et ce, sans montrer qui que ce soit du doigt, malgré les ratés dans le système et l’indifféren­ce du fédéral.

Beaucoup moins admirable a été le commentair­e, ignoble selon moi, d’amir Khadir en entrevue à La Presse en marge de Hoodstock : « Je me pose la question. Aurait-on réagi ainsi si ça avait été des Italiens qui avaient frappé à nos portes ? »

Je souhaite de tout mon coeur que les Québécois d’origine haïtienne blessés par le racisme manifesté par certains de leurs concitoyen­s depuis le début de la « crise » ne se laissent pas séduire par les sirènes de la gauche identitair­e et du militantis­me antiracism­e qui prône encore plus de division.

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