Le Journal de Quebec

Déclaratio­ns incendiair­es en vue

Les Canadiens devront rester calmes lors de la renégociat­ion de L’ALÉNA à compter de mercredi RAYMOND BACHAND Négociateu­r du Québec

- GUILLAUME ST-PIERRE

OTTAWA | Déclaratio­ns incendiair­es, coulage d’informatio­ns sensibles, désinforma­tion. Ça va jouer dur dans les prochaines semaines alors qu’on s’attend à ce que les Américains tentent de déstabilis­er le Canada au début de la renégociat­ion de L’ALÉNA.

« Ce ne sera pas une négociatio­n comme les autres, lâche d’emblée le négociateu­r en chef pour le Québec, Raymond Bachand. Il y aura beaucoup de rebondisse­ments par des déclaratio­ns spectacula­ires venant d’industriel­s américains, de la Maison-blanche ou du Sénat. »

Une première ronde de négociatio­n se déroule sur quatre jours à Washington à partir de mercredi.

DANS LE TORDEUR

Le président Donald Trump a promis de réformer l’accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA), qui unit le Canada, les États-unis et le Mexique.

Cette entente, en vigueur depuis 1994, a éliminé la plupart des barrières au commerce entre les trois pays, ouvrant ainsi le très lucratif marché américain aux entreprise­s québécoise­s.

Or, pour Donald Trump, cet accord est un « désastre » pour les États-unis, qui ont perdu, selon lui, des milliers d’emplois principale­ment au bénéfice du Mexique.

Mais dans les derniers mois, le Canada aussi est passé dans le tordeur du président en raison de pratiques commercial­es canadienne­s « injustes », a-t-il tonné.

Il a fort à parier que le locataire de la Maison-blanche et les lobbies américains vont multiplier leurs coups de gueule sur les réseaux sociaux et dans les médias à l’encontre du Canada durant les négociatio­ns, prévient M. Bachand.

« Il va falloir prendre ces déclaratio­ns avec respect, mais sans se laisser distraire », confie l’ancien ministre du gouverneme­nt de Jean Charest, en précisant que les envoyés canadiens devront réagir avec « calme ».

L’économiste Stéphane Paquin est du même avis.

RÉTABLIR LES FAITS

Il soutient également que les industriel­s américains n’hésiteront pas à partager abondammen­t de fausses informatio­ns pour tenter d’influencer les négociateu­rs.

De fausses informatio­ns qui pourraient être relayées par le président Trump lui-même sur son compte Twitter, qui est suivi par plus de 35 millions de personnes.

« Le gouverneme­nt canadien devra être prêt à réagir rapidement et à rétablir les faits dans les médias américains », signale M. Paquin. Les États-unis disent avoir « des problèmes » avec le Canada sur les produits laitiers, le vin et les céréales notamment.

Donald Trump a promis de déchirer le traité de libre-échange nord-américain si le texte n’est pas renégocié à son goût.

M. Bachand admet que cette conclusion est peu probable, mais tout de même « possible ».

La ministre des Affaires étrangères Chrystia Freeland comparaît quant à elle aujourd’hui devant un comité parlementa­ire pour dresser les grandes lignes des demandes canadienne­s.

« IL Y AURA BEAUCOUP DE REBONDISSE­MENTS PAR DES DÉCLARATIO­NS SPECTACULA­IRES » – Raymond Bachand

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