L’entre-deux compact
Certains véhicules sont difficiles à cerner parce que des dimensions ou des prix leur font chevaucher les catégories. C’est le cas du nouveau Jeep Compass 2017, un utilitaire compact qui se présente sous une forme et une conception repensée.
Le Jeep Compass change du tout au tout pour 2017. Et pourtant, sa silhouette paraît si familière ! C’est parce que son style sobre élaboré par les designers de Fiat Chrysler Automobiles (FCA) a été pensé pour faire le pont avec le modèle antérieur, qui avait été présenté en janvier 2011. Cet exercice de style, qui lui donne l’allure d’un Grand Cherokee de format réduit, évite les formes criardes. Cela lui permettra de bien vieillir au fil des ans, comparativement aux formes anguleuses du Toyota C-HR dont on se lassera rapidement.
Le Compass 2017 est difficile à attribuer à une catégorie. Deux autres produits Jeep, le Renegade, un peu plus petit, et le Cherokee, un peu plus gros, lui font de l’ombre et le contraignent à un statut de subalterne. De plus, ses dimensions compactes, sa logeabilité importante et son échelle de prix l’assimilent à la fois à de petits modèles offerts à partir de 20 000 $, comme le Mazda CX-3 et le Nissan Qashqai, et à des modèles compacts à 25 000 $ et plus réputés bien équipés, comme le Kia Sportage, le Subaru Crosstrek, le Mazda CX-5. Avec ses versions plus cossues, le Compass joue même dans la cour des « grands », des véhicules comme le Honda CR-V et Toyota RAV4, du moins par leurs versions d’entrée de gamme. Alors, un « gros petit » ou un « petit gros » ce Compass ? À vous de choisir.
Comme le modèle qu’il remplace, le nouveau Compass partage une architecture d’automobiles à roues avant motrices. Alors que l’ancien modèle était apparenté à la Dodge Caliber (2007-2012), celui-ci utilise une version allongée de la plateforme du Renegade (commune au Fiat 500X), dont l’architecture a été développée par Fiat et General Motors au début des années 2000. Cette architecture permet d’offrir des versions à deux et à quatre roues motrices.
Le Compass partage aussi le moteur Tigershark Multiair de 2,4 L du Renegade. Ce quatre-cylindres monté transversalement livre 180 ch et 175 lb-pi de couple. Le constructeur propose trois boîtes de vitesses : une manuelle à six rapports et deux automatiques à six et neuf rapports. Réservée aux Compass à quatre roues motrices, cette boîte à neuf rapports est une option à 1495 $ pour les Compass Sport et North, les versions les moins chères, alors qu’elle est de série pour les versions Limited et Trailhawk, plus chères. L’autre boîte automatique, à six rapports, est une option (à 1495 $ aussi) des versions Sport et North à deux roues motrices. Enfin, la manuelle est la boîte de série des Compass Sport à deux et quatre roues motrices, et du Compass North à quatre roues motrices. Vous suivez toujours ?
MOTORISATION PEU INSPIRANTE
Comparativement au moteur de l’ancien Compass, un quatre-cylindres de 2,0 L, le Tigershark produit 22 ch et 34 lb-pi de couple de plus. On imaginerait donc ce Compass plus puissant, d’autant plus qu’il n’y a pas de variation de poids significative entre les deux générations. Mais un Compass à quatre roues motrices avec boîte automatique à neuf rapports, comme celui que nous avons conduit, passe de 0 à 100 km/h en 9 s, alors que la version équivalente de l’ancienne génération ne prenait qu’une demi-seconde de plus pour en faire autant. Trouvez l’erreur.
En revanche, le nouveau Compass consomme un peu moins de carburant : de 2 à 10 % de moins selon le groupe motopropulseur. C’est d’ailleurs pour rendre ce moteur plus frugal que
le constructeur a recours à la boîte automatique à neuf rapports pour les modèles à quatre roues motrices. Mais elle optimise la consommation aux dépens des performances. De plus, parce qu’elle a tant de rapports, cette boîte rend son mode manuel presque inutile. En l’utilisant, on arrive rarement à rétrograder au rapport approprié et, la plupart du temps, on cause un sousrégime ou un surrégime.
Les Compass munis d’une boîte automatique disposent aussi d’un dispositif d’arrêt-démarrage automatique au ralenti. Ce dispositif peut réduire la consommation de manière substantielle (de 4 à 10 % selon Ressources naturelles Canada), surtout lorsqu’on conduit principalement en milieu urbain. Malheureusement, le dispositif de ce véhicule manque de raffinement. Avec la boîte automatique à neuf rapports, il réagit trop lentement pour faire redémarrer le moteur après, par exemple, un arrêt à un feu de circulation. Cette lenteur peut engendrer un contrecoup si brusque que les néophytes craindront d’avoir cassé quelque chose ! Pour éviter ce désagrément, lorsque l’occasion le permet, il suffit d’appuyer sur la pédale de frein à, disons, 98 % de sa course, ce qui suffit à immobiliser le véhicule sans arrêter le moteur. Une contre-mesure évidemment contre-productive.
Mais même le conducteur le plus expérimenté ne peut réussir à toujours à éviter ces contrecoups irritants au redémarrage. Parions que plusieurs propriétaires de Compass 2017 vont tout simplement désactiver ce dispositif, autre décision contre-productive…
PRODUIT MONDIAL
Le nouveau Compass peut être qualifié de « véhicule mondial » à juste titre puisqu’il est vendu sur les cinq continents. Les modèles destinés au marché canadien proviennent d’une usine mexicaine, qui alimente aussi les États-unis, le Mexique, le Moyen-orient et l’europe, sauf le Royaume-uni. Cette région du monde est desservie par une usine indienne, tout comme les autres pays où sont vendus des véhicules à conduite à droite. Par ailleurs, une usine brésilienne répond à la demande de l’amérique latine, alors que la Chine a sa propre usine.
Au Canada, FCA offre quatre versions du Compass. Les modèles Sport, North et Limited visent une clientèle friande de petits utilitaires. Leur système 4x4 à prise constante Jeep Active Drive est doublé du système de gestion de la traction Jeep Selec-terrain, qui a quatre modes de fonctionnement : auto, neige, sable et boue. Le Compass Trailhawk, conçu pour les promenades hors route, reçoit le système Jeep Active Drive Low à très forte démultiplication (20:1), alors que son système Jeep Selec-terrain reçoit un mode additionnel appelé « roches ». Évocateur, non ? Ce modèle a d’ailleurs la garde au sol la plus haute de la gamme (216 mm), de même qu’une suspension hors route, un limiteur de vitesse en descente et des plaques protectrices sous le réservoir de carburant, la boîte de transfert, la boîte de vitesses et la suspension avant.
Très spacieux à l’intérieur, le Compass dispose aussi d’un coffre particulièrement volumineux malgré ses dimensions compactes. Le volume utile de son coffre est même supérieur à celui d’un Cherokee, que le siège arrière soit en place ou non. Alors, oui, le petit est plus gros.