Le Journal de Quebec

Québec est au banc des accusés

- ANNE CAROLINE DESPLANQUE­S

Devant l’inaction du gouverneme­nt provincial pour sauver le caribou forestier, Richard Desjardins appelle à poursuivre Québec.

« Si on était millionnai­res, on le ferait », dit le cofondateu­r de l’action boréale.

Alors qu’il a le devoir de protéger les espèces menacées et qu’il s’est engagé à sauvegarde­r 12 % de chacun de ses grands écosystème­s, « le gouverneme­nt se conçoit et agit comme un pourvoyeur de ressources », gronde-t-il.

Le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs n’a pas voulu répondre aux questions du Journal. « Le MFFP n’a pas de commentair­es à faire », a répondu le porte-parole du ministère, Sylvain Carrier, interrogé plusieurs fois.

BLASON

Pendant ce temps, le ministre responsabl­e, notamment, de la région du Norddu-québec, Luc Blanchette, multiplie les voyages aux États-unis pour redorer le blason de l’industrie du bois. En mai, son gouverneme­nt a injecté 2,7 M$ dans la campagne « Collectif pour une forêt durable » afin de mettre en valeur l’industrie forestière d’ici.

L’attitude de Québec inquiète Anthony Swift, du Conseil de défense des ressources naturelles (NRDC). « Certaines des choses que nous avons observées au Québec sont particuliè­rement troublante­s », souligne l’avocat américain.

Pour lui, à moins d’une interventi­on urgente du gouverneme­nt du Québec dans le dossier du caribou forestier, Ottawa doit prendre les choses en main. « Nous ne pouvons pas nous permettre de perdre une autre décennie », presse-t-il.

POURSUITE CONTRE OTTAWA

De son côté, la Société pour la nature et les parcs (SNAP) a lancé en avril une poursuite contre Ottawa et non contre Québec dans le dossier du caribou forestier. L’organisme accuse le ministère de l’environnem­ent fédéral d’avoir failli à son devoir de protection d’une espèce classée menacée il y a maintenant 15 ans.

Ottawa a répliqué en présentant un plan d’action visant à protéger le caribou. Mais la SNAP a maintenu sa poursuite, argumentan­t que la ministre de l’environnem­ent n’a pas indiqué quels troupeaux demeurent non protégés et ce qui est fait pour remédier à cette situation.

Selon Me Karine Péloffy, directrice du Centre québécois du droit de l’environnem­ent, la loi québécoise sur les espèces en péril prévoit beaucoup de pouvoirs discrétion­naires qui rendent difficile une poursuite à l’encontre du gouverneme­nt provincial. À l’inverse, la loi fédérale est plus claire, dit-elle.

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