Le Journal de Quebec

Barrez-vous votre porte ?

- RICHARD MARTINEAU richard.martineau @quebecorme­dia.com

Vous qui croyez qu’on devrait ouvrir davantage nos frontières…

Oui, vous, là, dans le coin, avec votre pancarte et votre porte-voix.

Laissez-moi vous poser une question, une seule.

Barrez-vous votre porte, chez vous ? Oui ? Pourquoi ? Vous êtes misanthrop­e ? Égoïste ?

Vous ne voulez rien savoir du reste du monde, vous ne pensez qu’à votre confort, qu’à votre sécurité ?

UNE PORTE N’EST PAS UN MUR

Probableme­nt pas. Vous barrez votre porte parce que vous ne voulez pas que tout le monde puisse entrer chez vous.

C’est pour ça que vous avez une porte avec une serrure. Sinon, vous auriez un simple rideau ou une porte tournante, avec un écriteau en néon disant : « Entrez ! Ici, c’est chez vous ! »

Avoir une serrure sur sa porte ne veut pas dire qu’on se barricade et qu’on ne l’ouvre jamais. Ça veut juste dire : j’ouvre ma porte à qui je veux. Selon mes conditions.

De même, quand vous vous pointez chez quelqu’un et que vous voyez que la porte est fermée, vous ne la défoncez pas ou vous ne tentez pas d’entrer dans la maison en passant par la fenêtre.

Vous frappez doucement, vous attendez qu’on vous ouvre et vous vous présentez.

Une porte n’est pas nécessaire­ment un signe de fermeture ou une fin de non-recevoir. Sinon, on construira­it un mur, ce serait plus clair.

Non, une porte, c’est une invitation au dialogue.

Vous voulez me parler ? Parfait : frappez à ma porte. Ou appuyez sur la sonnette, je l’ai installée à côté de ma porte exprès pour cela.

Frapper à la porte de quelqu’un, c’est reconnaîtr­e que la personne qui est derrière cette porte est chez elle.

Et que vous, vous n’y êtes pas.

Sinon, le propriétai­re des lieux vous aurait laissé une clé.

FRANCHIR LE SEUIL

Quand une personne vous ouvre la porte, que se passe-t-il ?

Si elle vous connaît, elle vous sourit, recule et vous invite à entrer.

Sinon, elle reste dans le vestibule.

Vous voyez la ligne qui est au sol, là où la porte était, avant que la personne qui vous a répondu ne l’ouvre ? Ça s’appelle un seuil.

Un seuil, c’est comme une frontière. Comme le définit Le Petit Larousse, c’est la ligne qui constitue l’accès à un lieu, le début de ce lieu.

Ce n’est pas parce que la personne chez qui vous avez sonné vous a ouvert la porte que vous pouvez franchir le seuil de sa maison.

Vous devez être invité à le faire.

Franchir le seuil d’une maison sans y être invité est considéré au mieux comme une impolitess­e, au pire comme une agression.

RÉPONDRE AUX QUESTIONS

Lorsqu’une personne ouvre sa porte et ne vous reconnaît pas, elle s’attend à ce que vous restiez de VOTRE côté du seuil. C’est normal. Elle vous demandera de vous identifier. Qui êtesvous ? Pourquoi avez-vous frappé à ma porte si on ne se connaît pas ? Y a-t-il une urgence ?

Si oui, que puis-je faire pour vous aider ?

Si vous ne répondez pas à toutes ces questions, la personne ne vous permettra pas de franchir le seuil de sa porte.

Et vous savez quoi ? Elle en a parfaiteme­nt le droit.

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