Le Journal de Quebec

La triste vie de Pete Rose

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Je plains vraiment Pete Rose… car il doit être, malgré son éternel faciès d’arrogance, un homme très malheureux.

Si vous le croisez dans un kiosque d’autographe­s, que ce soit à Las Vegas, Cooperstow­n ou ailleurs et que vous lui demandez : « Comment vas-tu ? »

Il vous répondra sans aucun doute que tout va bien et que tout baigne dans l’huile. Mais il vous mentira en plein visage. Pete Rose a été et est toujours un menteur invétéré.

Comment un être humain peut-il dire qu’il est heureux et que tout va bien quand il sait fort bien qu’il a sa place au Temple de la renommée, dont il a été banni et que maintenant les Phillies de Philadelph­ie ont décidé qu’il n’avait pas sa place sur leur « Mur de l’honneur » au Citizen Bank Park, qu’il est menacé de perdre son emploi avec le réseau Fox ?

Pete Rose a accepté son bannisseme­nt à vie du baseball par le commissair­e Bart Giamatti le 24 août 1989.

Pourtant, il a continué pendant des années, à soutenir devant ses pairs et ses amis qu’il n’avait jamais parié sur un match de baseball. Ce n’est que cinq ans plus tard, lors de la publicatio­n de sa biographie en 1994, qui a admis avoir parié sur l’issue des matchs des Reds de Cincinnati alors qu’il occupait le poste de gérant, précisant qu’il n’avait jamais parié contre son club.

Et en mars 2007, dans le cadre d’une entrevue à ESPN, Rose a réitéré qu’il avait parié sur l’issue de chacun de matchs de son club et qu’il avait eu tort de le faire.

SINCÈRE ?

En juillet 1990, Pete Rose a été condamné à cinq mois de prison et à une amende de 50 000 $ pour évasion fiscale. Il avait été reconnu coupable d’avoir « omis » de déclarer des revenus de l’ordre de 354 000 $ découlant de la vente d’objets de collection, de séances d’autographe­s et de gageures.

Le juge avait aussi condamné Rose à purger une peine de trois mois dans une maison de transition, une fois son séjour en prison terminé et à 1 000 heures de services communauta­ires. Le juge aurait pu le condamner à six ans de prison et à une amende de 500 000 $.

Après sa sentence, Rose avait simplement déclaré : « Tout cela est ma faute. Je n’ai aucune excuse. J’ai perdu ma dignité, le respect de moi-même et failli perdre beaucoup d’amis ».

Croyez-vous vraiment que Rose était sincère en réagissant de la sorte ?

Ai-je tort de dire que la vie de Pete Rose a été une vie tissée de mensonges qu’il racontait à son entourage et aux enquêteurs ? En fait, à mes yeux, Pete Rose fait pitié. Ne vous méprenez pas. J’ai énormément de respect pour Pete Rose le joueur. Je regrette qu’il n’ait pas été admis à Cooperstow­n.

Et c’est pour la simple raison que les commissair­es qui se sont succédé à la tête du baseball majeur n’ont pas trouvé une façon de corriger l’injustice faite aux membres des « Black Sox » de Chicago qui ont été bannis du baseball par le juge Landis, bien qu’ils n’aient jamais été trouvés coupables d’avoir conspiré pour perdre la série mondiale de 1919.

Si Rose devait un jour être admis à Cooperstow­n, il faudrait aussi qu’on le fasse pour les autres.

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Pete Rose a accepté son bannisseme­nt à vie du baseball par le commissair­e Bart Giamatti le 24 août 1989. PHOTO D’ARCHIVES

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