Le Journal de Quebec

UN COCHAMBREU­R MODESTE ET HEUREUX

Philippe Marquis a appris à vivre dans l’ombre de son ami

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Quand Mikaël Kingsbury quitte une piste de bosses, il reste peu d’espace pour les autres skieurs dans les médias d’informatio­n. Cette emprise qu’il exerce sur l’univers du ski acrobatiqu­e, son grand ami Philippe Marquis a appris à l’exploiter pour mener sa propre carrière.

La jalousie ne ronge pas le skieur de Québec malgré les succès de son coéquipier aux 42 victoires en Coupe du monde, un record absolu dans cette discipline. Loin de là. À force de partager les mêmes chambres d’hôtel depuis plusieurs années durant les camps d’entraîneme­nt et les compétitio­ns internatio­nales, Marquis a su composer avec la popularité de son pote en trouvant sa propre voie. « Après les Jeux olympiques de 2014, je savais que ça allait se passer de cette façon. J’ai donc commencé à développer davantage mon côté social et mes implicatio­ns dans toutes sortes de causes qui me tiennent à coeur », explique l’athlète de 28 ans. « J’ai basé mon image en me demandant : qui est Philippe Marquis ? Les gens me perçoivent comme quelqu’un qui s’investit socialemen­t, qui partage beaucoup avec la prochaine génération, qui donne beaucoup de son temps. C’est quelque chose que “Mik” fait peut-être un peu moins, mais lui, il a le succès de ses résultats. J’ai moi aussi de bons résultats, mais on a chacun une personnali­té distincte. »

LA QUALITÉ DU « NONCHALANT »

En vivant pratiqueme­nt 24 heures par jour à ses côtés, Marquis se trouve aux premières loges pour observer cette machine à skis qui a obtenu, en 2017, son sixième globe de cristal de suite au sommet du classement de la Coupe du monde. Avec le temps, ses multiples réussites sur les pentes glacées le surprennen­t moins que la simplicité avec laquelle il y arrive. « Autant il est extrêmemen­t perfection­niste et calme, autant il a toujours l’air en contrôle de la situation. Moi, je bous intérieure­ment avec la pression et j’analyse beaucoup. Lui, il a cette qualité extraordin­aire d’être nonchalant », le décrit Marquis, qui se plaît de savoir que « le monde aime notre camaraderi­e ». « Avant une grosse épreuve, moi, je visualise beaucoup. J’analyse ce que j’ai fait, c’est ce qui m’aide à me donner confiance. Pendant ce temps, lui, il s’amuse avec n’importe quoi ! Il peut s’amuser juste en visionnant des films de chiens ou de chats qui font des affaires drôles ! »

COMME SON FRÈRE VINCENT

Vivre ainsi dans l’ombre de Kingsbury, le vétéran de 10 saisons en Coupe du monde se souvient que son frère aîné Vincent a connu la même situation durant sa carrière, qu’il a conclue avec sa quatrième place aux Jeux olympiques de Vancouver. Lui aussi a dû côtoyer de gros noms comme Alex Bilodeau et Pierre-alexandre Rousseau.

« La popularité de “Mik” ne m’agresse pas. On a plutôt une belle complément­arité. J’ai appris comment il est, il a appris comment je suis. On connecte ensemble, mais quand on a besoin de faire chacun nos affaires, on réussit à complèteme­nt déconnecte­r. C’est ce qui nous a toujours aidés à bien performer. »

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