Une « contremanifestation souhaitable »
Il faut se lever contre les idées de La Meute qui alimentent l’anxiété et les discours de l’extrême droite, soutient le codirecteur de l’observatoire sur la radicalisation et l’extrémisme violent (OSR).
« C’est correct dans un système démocratique que les gens représentant La Meute puissent faire des manifestations. Ça montre que la liberté d’expression fonctionne », a mentionné David Morin, le vice-doyen aux études supérieures et aux affaires internationales à l’université de Sherbrooke ainsi que codirecteur de l’observatoire sur la radicalisation et l’extrémisme violent (OSR). « Mais, c’est hautement souhaitable et réjouissant de voir qu’il y a des gens qui vont se lever contre les idées qu’ils défendent. »
L’expert soutient que l’enjeu majeur n’est pas de taire le discours anti-immigration, mais de faire en sorte qu’il ne soit jamais normalisé et traduit comme n’importe quel discours dans la sphère publique. « Il faut corriger les faussetés souvent abusives des discours de mouvements populistes, dont la Meute fait un peu partie », a signifié M. Morin.
EXTRÊME DROITE
La Meute est souvent dépeinte comme un mouvement d’extrême droite, près des groupes Atalante et de la Fédération des Québécois de souche, qui nourrissent la haine.
« Il y a un mouvement groupusculaire auquel appartiennent Atalante et la Fédération des Québécois de souche. Ils sont assez proches des idées de l’extrême droite, comme on trouve en Europe », a-t-il illustré. Ce sont des petits groupes qui se font et se défont, avec un discours très radical. »
Or, La Meute refuse cette étiquette. Et, selon M. Morin, ils n’ont peut-être pas tort, précisant que ce groupe ressemble plus aux mouvements populistes d’europe, plus nationalistes et identitaires.
« Ils sont plus conservateurs au sens politique du terme et qui, effectivement, est composé de toutes sortes d’individus », a expliqué le vice-recteur.
Toutefois, ces mouvements groupusculaires et ces mouvements populaires se rejoignent sur certains thèmes, a émis l’expert.
« Notamment sur le thème de l’immigration qui alimente toutes les peurs », a-t-il dit. Je suis bien prêt à les croire les chefs de La Meute lorsqu’ils disent qu’ils ne sont pas racistes. Mais ce qu’ils doivent comprendre, c’est que leur discours, à l’heure actuelle, alimente celui de l’extrême droite et que les solutions qu’ils proposent, qui ne sont pas des solutions, vont contribuer à détériorer le climat social, a signalé M. Morin. Ils sont en train d’alimenter un sentiment d’anxiété chez les gens. »