Le Journal de Quebec

Nathalie Normandeau appelée en renfort

Elle serait un élément clé devant le tribunal de L’ALENA

- ROBERT PLOUFFE

Accusée par la Couronne de fraude et corruption, l’ancienne ministre Nathalie Normandeau est pourtant appelée en renfort par l’état québécois attaqué devant un tribunal, a appris notre Bureau d’enquête.

C’est la société américaine Lone Pine Resources qui reproche à Québec d’avoir annulé, en 2011, cinq permis d’exploratio­n pétrolière de Junex, dont Lone Pine était actionnair­e.

Devant le tribunal de L’ALENA, Lone Pine réclame du Canada (qui défend les intérêts du Québec dans le cadre des accords de libre-échange) des dommages de 150 millions $ pour compenser les investisse­ments effectués et les profits perdus.

MARRAINE DE LA LOI

Les permis en question ont été révoqués par la Loi 18, laquelle instaurait un moratoire sur la fracturati­on hydrauliqu­e et limitait les activités pétrolière­s et gazières dans le fleuve Saint-laurent. Comme ministre des Ressources naturelles, Nathalie Normandeau avait piloté l’adoption de cette loi en 2011.

Dès 2014, les procureurs québécois, de concert avec ceux du fédéral, ont contacté Mme Normandeau afin que l’ancienne ministre les aide à préparer leur défense.

Jointe par le Bureau d’enquête, Mme Normandeau a confirmé avoir collaboré avec les deux gouverneme­nts à leur demande. Elle a participé, en 2015, à près d’une dizaine de rencontres impliquant plusieurs ministères.

Depuis, l’ex-vice-première ministre a toutefois vu sa crédibilit­é et sa réputation mises à mal. En mars 2016, elle était accusée de fraude, de corruption, de complot et d’abus de confiance à la suite d’ une enquête del’ up ac sur le financemen­t politique illégal.

Au ministère québécois de la Justice, on s’est refusé à tout commentair­e officiel sur la collaborat­ion passée ou éventuelle de Mme Normandeau.

Mais selon nos informatio­ns, l’ancienne ministre est toujours considérée par les procureurs québécois et fédéraux comme un élément clé de leur défense.

Lone Pine allègue que la Loi est une mesure arbitraire, injuste et inéquitabl­e fondée sur des motifs politiques et populistes et non pas sur de véritables motifs environnem­entaux.

Le Québec et le Canada entendent démontrer, avec l’aide de Mme Normandeau, que l’adoption de la Loi s’est faite à la suite de nombreuses études environnem­entales stratégiqu­e s qui ont établi les risques de l’exploitati­on d’hydrocarbu­res dans l’estuaire du Saint-laurent.

Ils soutiennen­t aussi que la Loi « est légitime et d’intérêt public », qu’« elle s’applique de manière non discrimina­toire à l’ensemble des titulaires de permis de recherche ». Cette cause revêt un caractère particulie­r alors que s’enclenche la renégociat­ion du traité de L’ALENA et que le règlement des différends sera discuté par les États membres.

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PHOTO D’ARCHIVES, DIDIER DEBUSSCHÈR­E L’ex-ministre Normandeau a confirmé avoir collaboré avec les deux gouverneme­nts afin de préparer la défense du Québec, poursuivi par Lone Pine Resources.

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