Le Journal de Quebec

Le procès des Québécois

- MATHIEU BOCK-CÔTÉ mathieu.bock-cote@quebecorme­dia.com

D’un sondage à l’autre, la situation semble de plus en plus difficile pour le Parti Québécois. Si on sent le Parti libéral trembler un peu, le PQ n’en profite pas vraiment.

C’est plutôt la CAQ qui récupère l’exaspérati­on antilibéra­le. Ceux qui veulent se débarrasse­r du gouverneme­nt Couillard pourraient bien se tourner vers elle, en 2018, d’autant que la CAQ a su, depuis quelque temps, et à bien peu de frais, il faut le dire, occuper le terrain identitair­e.

Ceux qui veulent voter « nationalis­te », mais qui n’entendent plus vraiment l’appel de l’indépendan­ce, pourraient bien se tourner vers elle, en se disant qu’il est temps qu’elle prenne le relais d’un PQ qui a l’air usé.

Lesgroupus­cules d’extrême droite polluent le débat public.

RACISME

Mais l’automne politique musclé qui s’annonce pourrait brasser à nouveau les cartes. La question identitair­e y sera centrale.

Les résultats du recensemen­t ont sonné à nouveau l’alarme concernant la situation du français. L’arrivée massive d’immigrants illégaux chauffe aussi les passions. On a beau vouloir l’en culpabilis­er et lui faire des leçons de morale, le commun des mortels se demande pourquoi on peut traverser la frontière comme si elle ne voulait rien dire.

Mais le véritable débat de l’automne tournera autour de la Commission sur le racisme systémique, annoncée par le gouverneme­nt Couillard. On le sait d’avance, elle tournera au procès contre les Québécois, qui seront accusés de tous les maux.

Qu’il y ait au Québec, dans les marges, des racistes, comme on en trouve partout ailleurs, cela va de soi. Ils sont, de fait, absolument condamnabl­es. Les groupuscul­es d’extrême droite polluent le débat public.

Mais il est complèteme­nt délirant de prétendre que le racisme représente ici une ligne de fond de notre histoire, comme il l’est au sud de la frontière. Le racisme est le péché originel de la nation américaine. Ce

n’est pas celui de la nation québécoise.

On aurait tort de superposer les deux histoires comme si, fondamenta­lement, elles se recoupaien­t. C’est malheureus­ement ce que font trop d’analystes et d’activistes qui traitent le Québec comme s’il s’agissait d’une extension de la société américaine.

À bon droit, les Québécois en ont assez de se faire accuser.

D’ailleurs, ce qu’on attaque, en prétendant viser le racisme, c’est leur volonté légitime d’implanter chez eux la laïcité, c’est leur désir tout aussi légitime de demeurer une société fondamenta­lement francophon­e.

C’est aussi leur inquiétude bien naturelle devant une immigratio­n massive qu’ils n’ont pas les moyens d’intégrer et qui est instrument­alisée par les fédéralist­es pour cadenasser l’avenir constituti­onnel du Québec.

PROCÈS

En gros, l’accusation de racisme servira à diaboliser la question pourtant essentiell­e de la survie du peuple québécois et de son identité.

Dans ce contexte, celui qui parviendra à canaliser l’exaspérati­on populaire devant ce procès injuste pourrait s’imposer politiquem­ent.

Celui qui demandera aux Québécois : « vous n’en avez pas assez de vous faire traiter de racistes ? » pourrait susciter la sympathie politique du très grand nombre.

Il n’est pas interdit de penser que le Parti Québécois pourrait jouer ce rôle. Théoriquem­ent, ce devrait être le sien.

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