Le Journal de Quebec

Supprimez les taxes scolaires

- MARIO DUMONT e Blogueur au Journal mario.dumont @quebecorme­dia.com @mariodumon­t

Économiste, animateur et chroniqueu­r

Avez-vous eu vent de la situation aberrante vécue par les parents de l’outaouais ? Depuis quelques années, des milliers de contribuab­les de cette région ont trouvé un moyen magique pour diminuer considérab­lement le montant de leur taxe scolaire. Ils choisissen­t de payer leur dû à la commission scolaire anglophone plutôt que dans l’une des quatre commission­s scolaires francophon­es.

Le taux de taxation étant inférieur à la Commission scolaire anglophone Western Quebec, des propriétai­res économisen­t des centaines de dollars. Cela est tout à fait légal : un contribuab­le peut choisir de payer son compte à l’une ou l’autre des deux commission­s scolaires qui desservent son territoire.

PARENTS OTAGES

Mais attention, il y a une exception ! Les parents qui ont des enfants d’âge scolaire ne bénéficien­t pas de ce choix. Ils sont contraints de payer des taxes à la commission scolaire qui accueille leur enfant. Ce sont donc tous les autres, ceux qui n’ont pas d’enfants d’âge scolaire, qui jouissent de cette liberté.

Le cercle vicieux engendré par cet exode de payeurs est tout simplement spectacula­ire. Plus fort que la saucisse Hygrade ! Plus de gens paient leurs taxes à la commission scolaire anglophone, plus celle-ci peut baisser son taux. Et plus elle baisse son taux, plus de gens sont incités à faire le saut.

À l’inverse, plus les contribuab­les se retirent des quatre commission­s scolaires francophon­es, plus celles-ci sont forcées d’augmenter leur taux afin d’aller chercher les fonds requis. Vous voyez la dynamique. La Commission scolaire au Coeur-des-vallées a dû imposer une hausse de 7 % de la taxe scolaire, une hausse principale­ment explicable par le transfert de contribuab­les vers la commission scolaire anglophone.

Les parents de l’outaouais dont les enfants fréquenten­t une école francophon­e sont carrément pris en otage dans cette situation d’une rare injustice. Ils n’ont pas de choix. Ils sont prisonnier­s de leur commission scolaire et doivent payer la grosse facture. Et ils savent que la situation ne va que s’aggraver.

QUELLES SOLUTIONS ?

Les présidents des commission­s scolaires francophon­es réclament une décision du ministre de l’éducation pour corriger cette iniquité. Quelles sont les options du ministre ?

Enlever le choix à tous les citoyens ? Très mauvais d’enlever des choix et surtout inapplicab­le. Qui décidera si vous êtes du côté anglophone ou francophon­e ?

Uniformise­r le taux de la taxe scolaire ? Celle-là va être tentante. Mais si tout le monde paye le même taux, à quoi servent le Conseil des Commis- saires et les élections scolaires ? Fixer le taux de taxation fait partie des premières responsabi­lités des élus.

Toutes les solutions envisagées seront mauvaises. Parce que la taxe scolaire est mauvaise et n’a plus sa raison d’être. Faute d’avoir pu faire la démonstrat­ion de l’inutilité de cette taxe par la logique, ladite démonstrat­ion se fait en Outaouais par l’absurde.

Cette taxe devrait être regroupée en un seul compte avec les taxes municipale­s. Et les villes en charge des bâtiments et terrains scolaires.

Le cas de l’outaouais va se reproduire ailleurs. Plutôt que de tricoter des solutions à la pièce, qu’on fasse donc la vraie réforme !

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Toutes les solutions envisagées seront mauvaises. Parce que la taxe scolaire est mauvaise et n’a plus sa raison d’être.

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