L’état a les yeux sur leur argent sale
Des narcotrafiquants qui brassaient des millions de dollars avant leur arrestation se sont fait saisir 353 000 $
Deux présumés narcotrafiquants qui auraient dirigé un réseau international d’importation de cocaïne à partir de Montréal s’apprêtent bien malgré eux à contribuer généreusement aux coffres de l’état.
La Procureure générale du Québec vient d’entreprendre des procédures judiciaires visant à confisquer à son profit plus de 353 000 $ en argent comptant que les policiers ont saisis chez Iraklis Haviaropoulos et Matthew Fernandes, en mars 2016.
ENQUÊTE AMÉRICAINE
Respectivement domiciliés à Brossard et à Greenfield Park, sur la Rive-sud, ils se sont retrouvés derrière les barreaux à la suite d’une enquête menée par la Drug Enforcement Administration (DEA) américaine, avec l’aide des policiers de plusieurs pays d’amérique latine et de la Sûreté du Québec.
Haviaropoulos, son bras droit Fernandes et ses partenaires d’affaires sur deux conti- nents ont été piégés par un membre de leur propre réseau qui travaillait secrètement pour la police, ainsi que par des agents doubles.
« Au cours de cette enquête, les policiers ont saisi des centaines de kilogrammes de cocaïne et des sommes d’argent totalisant plusieurs millions de dollars », écrit Me Julien Bernard dans cette requête à la Cour supérieure qui risque d’être difficile à contester par les accusés.
Les deux Québécois sont des « indépendants » non affiliés à un groupe du crime organisé et qui finançaient l’achat de cocaïne colombienne avec les revenus d’exportation de marijuana « made in Canada ».
Ils n’avaient aucune intention de faire profiter les finances publiques de leur argent sale.
Selon les documents judiciaires consultés par Le Journal, Fernandes n’a déclaré aucun revenu au fisc en 2015 et a prétendu que ses gains cumulatifs totalisaient à peine 37 000 $ entre 2012 et 2014.
La Sûreté du Québec a trouvé 285 699 $ en devises canadiennes et 1600 $ en argent US chez l’homme de 34 ans que l’on surnommait « Kid », le jour de son arrestation.
Quant à son patron, connu sous les sobriquets « Irak » ou « Diesel » dans le monde interlope, la police a saisi plus de 65 000 $ en devises canadiennes et américaines, dont 238 billets de 100 $, dans sa résidence cossue du quartier Dix 30.
C’est plus que le salaire de 48 346 $ qu’il avait déclaré à Revenu Québec en 2014 et presque autant que les 77 000 $ qu’il prétendait avoir touchés en 2015.
Les piles d’argent comptant saisies chez les deux hommes et leurs nombreux voyages dans le Sud ne résultaient « certainement pas de revenus légitimes », concluait le juge Michael Stober en refusant toute liberté provisoire à Haviaropoulos, il y a un an.
UN GYM À CANCUN...
Haviaropoulos avait déclaré en cour qu’il « n’aimait pas les banques » et qu’il voulait investir son argent dans l’ouverture « d’un gym à Cancun et d’un restaurant à Mexico ». Des explications « totalement invraisemblables », de conclure le juge.
Ils ont maintenant rendez-vous avec la justice américaine, dans l’état de New York, et risquent de longues peines d’incarcération. Haviaropoulos y a été extradé en mai et il est détenu au pénitencier d’albany. Fernandes est gardé à la prison de Rivière-des-prairies en attendant de savoir s’il devra aller rejoindre son patron.