Acheter la nourriture à crédit
Le dossier d’une mère de famille qui n’arrive pas à obtenir ses prestations est coincé
OTTAWA | Une mère de famille célibataire en arrêt de travail a dû utiliser sa marge de crédit pour faire vivre les siens pendant trois mois en raison de formulaires bloqués dans le chaos du système de paie Phénix.
« Je n’avais plus de revenus et je n’avais pas droit à la paie d’urgence. J’étais en train de liquider ma marge de crédit », explique Mathilde Bataille, mère monoparentale de trois enfants de Terrebonne qui travaille pour l’agence d’inspection des aliments.
Un drame familial a bousculé sa vie en décembre 2016, sur lequel elle reste discrète, mais qui l’a forcée à arrêter le travail pour s’occuper de ses enfants.
Or, la paie a continué d’entrer dans son compte comme à l’habitude jusqu’en avril, pour un total de 10 000 $, qui lui ont permis de payer ses factures comme d’habitude, mais l’empêchant de recevoir ses prestations de maladie et d’invalidité. Puis, l’argent a cessé d’entrer, la forçant à se tourner vers le crédit.
Impossible pour la technicienne de laboratoire de transmettre les formulaires nécessaires pour prouver son arrêt de travail, puisque ceux-ci restent bloqués par le système de paie.
Elle s’attend à ce qu’on lui demande d’un jour à l’autre de rembourser les milliers de dollars versés en trop, mais déjà dépensés. En attendant, le Centre de paie reste injoignable.
À CRÉDIT
« Je suis comme dans une boucle, et quand j’appelle, je tombe sur un centre d’appels et rien ne bouge », décrit-elle.
Sans avoir droit à la paie d’urgence puisqu’elle ne travaille pas, c’est avec sa marge de crédit qu’elle a payé l’épicerie et les dépenses courantes, pour un total de « quelques milliers de dollars ».
« J’étais rendue à aller en personne à Miramichi, pour voir ce qui se passe avec mon dossier. Je me serais enchaînée pour qu’ils pèsent sur le piton », raconte-t-elle.
Heureusement pour Mme Bataille, l’assurance-emploi a finalement accepté de lui verser ses prestations pour les trois premiers mois de son arrêt de travail, même en l’absence des bons formulaires.
BLOQUÉE
Le soulagement est de courte durée puisque les prestations d’invalidité (après trois mois d’absence) sont encore bloquées en attente des bons documents que doit produire Phénix.
Mme Bataille a finalement repris le travail en juillet, mais craint de ne jamais recevoir les montants des prestations manquantes qui totalisent environ 7000 $. Elle conseille maintenant à ses collègues qui se sentent malades d’y penser à deux fois avant de quitter le travail.
« Assurez-vous d’avoir assez d’argent pour partir », prévient-elle.