Le Journal de Quebec

Son ancienneté partie en fumée sans raison

Elle a accepté de travailler à un poste temporaire, ce qui a bousillé sa paie

-

OTTAWA | Une agente correction­nelle a perdu trois ans d’ancienneté et des centaines de dollars sur chaque paie parce que Phénix n’a pas bien compris son changement de poste.

« Je n’ai jamais pensé que le problème persistera­it pendant tant de mois. Je ne sais plus combien de démarches j’ai pu faire », relate Nathalie Mathieu, agente correction­nelle qui vit à Terrebonne.

La femme de 46 ans travaille dans un pénitencie­r fédéral depuis six ans, dont près de la moitié sur un poste intérimair­e où elle avait plus de contacts avec les détenus.

Ce contrat temporaire est offert aux agents comme elle afin de combler des besoins de personnel, moyennant un léger bonus au salaire. Pour Mme Mathieu, cette offre a aussi été le point de départ de ses problèmes de paie.

« Après trois ans, j’étais contente de revenir à mon poste [d’origine], mais on dirait que le système n’a pas calculé mes années d’ancienneté effectuées à l’autre poste », analyse-t-elle.

À partir d’octobre 2016, et pendant les six mois suivants, elle estime qu’environ 400 $ ont été amputés de son salaire régulier aux deux semaines.

PRIMES MANQUANTES

« On a des primes aussi de soir, de nuit, de fin de semaine, et c’est impossible de savoir ce qui manque. J’ai abandonné ces sommes-là. »

Après s’être plainte à son ministère, Services correction­nels Canada, on lui a remis en janvier une partie du manque à gagner sous forme « d’avance de salaire d’urgence », équivalant à 60 % des montants manquants.

« Je trouve le terme ahurissant. Je les ai mises mes bottes pour aller travailler, c’est mon dû », s’insurge-t-elle.

En mai, sa paie est revenue à la normale, mais avec une surprise : le Centre de paie lui demande de rembourser tous les montants versés en avance de salaire d’urgence. Pendant ce temps, le Centre lui doit toujours plusieurs milliers de dollars manquants sur ses autres paies.

On lui donne le choix de rembourser d’un coup les 2700 $ reçus en avance d’urgence ou de les transférer en quatre versements.

« Tous les fonctionna­ires touchés ont un peu peur que des montants disparaiss­ent de nouveau de la paie. Qu’on le veuille ou non, tout le monde vit un peu de paie en paie », commente Nathalie Mathieu.

INDÉCHIFFR­ABLE

Pour savoir combien on lui doit, elle doit se fier à ses calculs basés sur ses bordereaux de paiement qu’elle a scrupuleus­ement compilés. Le nouveau format du document, produit par Phénix, est difficilem­ent déchiffrab­le.

« Je ne les comprends pas du tout du tout », avoue-t-elle.

Aux autres fonctionna­ires, Mme Mathieu recommande de refuser les postes temporaire­s par crainte que le système bousille aussi leur rémunérati­on.

 ?? PHOTO BORIS PROULX ?? Nathalie Mathieu montre ses bordereaux de paie soigneusem­ent compilés. L’agente correction­nelle préfère ne pas montrer son visage pour éviter que ses problèmes de paie liés à Phénix ne soient connus des détenus sous sa supervisio­n.
PHOTO BORIS PROULX Nathalie Mathieu montre ses bordereaux de paie soigneusem­ent compilés. L’agente correction­nelle préfère ne pas montrer son visage pour éviter que ses problèmes de paie liés à Phénix ne soient connus des détenus sous sa supervisio­n.

Newspapers in French

Newspapers from Canada