10l’argent choses à savoir sur et le bonheur
1 Le bonheur, c’est quoi ? Première difficulté, le bonheur est une notion floue, on ne sait pas trop ce que c’est. Toutefois, rapporte l’économiste Claudia Senik, dans Sept
voix pour le bonheur, il semble exister des liens entre bonnes conditions de vie et bonheur de vivre. En effet, écrit-elle, les gens qui se déclarent très heureux vivent en couple, ont des amis, sont bien entourés, ont un niveau de vie élevé, un travail et pratiquent parfois une religion.
2 Au fil des ans, ça a
changé. Dans les années 50, le message général était : plus on a d’argent, plus on consomme, plus on est heureux. Dès la fin des années 60, lentement, on a commencé à remettre en question cette façon de voir : « L’argent ne mesure pas la beauté de notre poésie », a dit Robert Kennedy en 1968.
3 Richard Easterline. Au début des années 70, des chercheurs ont voulu savoir jusqu’à quel point l’argent rendait heureux. L’américain Richard Easterline a développé l’idée qu’une fois atteint un certain stade de développement le bonheur d’une société n’augmentait plus. En effet, il a calculé que le revenu moyen avait doublé entre 1945 et 1974, mais que le sentiment de bonheur était resté stable. La croissance ne rendait donc pas les gens plus heureux à long terme. De là, dans les années 80, l’idée a germé qu’une fois nos besoins satisfaits nous devenions égaux devant le bonheur.
4 Le bonheur en U. À force de questionner les gens sur leur état de satisfaction, les chercheurs ont évalué que le bonheur se vivrait en U : à 18-25 ans, on serait somme toute heureux, les années passant, on le serait de moins en moins jusqu’à ce qu’on arrive à la base du U qui se situe vers 40-45 ans, ensuite, la courbe remonterait si bien que vers 60 ans le bonheur est de retour. Évidemment, tout le monde ne rapporte pas être parfaitement heureux à 18 ans et à 60 ans, mais les moyennes sont plus élevées. En gros, le fait d’avoir moins de responsabilités pourrait jouer dans la balance. Si on a relativement peu d’argent à 18 ans, normalement vers 6065 ans la situation est meilleure, on a moins de responsabilités et souvent plus d’argent.
5 Plus on est riche, plus on grimpe sur l’échelle
du bonheur. En fait, en 2012, le lien entre argent et bonheur s’est resserré : les chercheurs Sacks, Stevenson et Wolfers ont vu que si on relie
le revenu annuel par ménage et la satisfaction de vie déclarée, en moyenne, plus on est riche, plus on est heureux. La courbe du bonheur continue de grimper avec les dollars qui rentrent. Il n’y a pas de moment où la courbe cesse de monter : Bill Gates doit carrément flotter.
6 À la Bourse comme à la
maison. Les économistes ont aussi remarqué que les fluctuations à la baisse (les récessions) affectent beaucoup l’humeur. En effet, le moral des gens est quasi parfaitement corrélé aux fluctuations de la Bourse. Et ce n’est pas parce qu’ils s’intéressent à la Bourse, c’est parce que quand ça va mal économiquement, la bonne humeur se cache.
7 Le futur. L’anticipation de gagner plus ou moins d’argent exerce aussi une forte emprise sur le niveau de bonheur : si je m’attends à gagner un meilleur revenu demain, je serai dès aujourd’hui plus heureuse. Si, au contraire, je pense subir une perte dans le futur, je déprime maintenant.
8 L’aversion à la perte. Le fait de perdre de l’argent aurait également plus d’effet sur le niveau de bonheur que le fait de gagner un même montant : Gérard serait plus déçu
de recevoir une contravention de 52 $ qu’heureux de trouver 50 $.
9 Notre voisin. Nous mesurons aussi beaucoup notre bonheur en nous comparant aux autres. Mais pas à tous les autres. Si X que je ne connais ni d’ève ni d’adam fait beaucoup plus d’argent que moi, je vais m’en foutre. Par contre, si ma soeur ou mon amie avec qui j’allais à l’école ont un revenu plus élevé que le mien, cela pourrait m’affecter. C’est le syndrome du voisin : on ne tient pas vraiment à ce que notre voisin soit beaucoup plus à l’aise que nous.
0 L’adaptation. Existe aussi le phénomène de l’adaptation. Exemple : Joséphine a un revenu annuel de 50 000 $, elle se dit : « Quand j’en gagnerai 60 000 $, je m’offrirai ceci et je serai au summum du bonheur. » Arrivée à 60 000 $, son niveau de vie augmente de telle sorte qu’en fin de compte, Joséphine ressent le besoin d’atteindre 75 000 $ et ainsi de suite… C’est le signe d’une forme d’insatiabilité, mais il serait difficile de s’en plaindre puisqu’en même temps, c’est en partie ce qui a fait avancer le monde.
Remarquez qu’on peut choisir d’être heureux même si on n’a pas tout, tout, tout…