LE MÉDAILLÉ OLYMPIQUE QUI S’EST RECONSTRUIT
Charle Cournoyer a appris de sa frustration suivant les JO de Sotchi
« Je me suis brisé et je me suis ensuite reconstruit. »
En une phrase, Charle Cournoyer résume la leçon d’autocritique à laquelle il s’est prêté pour s’échapper d’une spirale négative qui nous avait presque fait oublier sa médaille de bronze du 500 m aux derniers Jeux olympiques, l’un des rares beaux souvenirs de l’équipe canadienne de courte piste à Sotchi.
« DE MÉDAILLÉ À RIEN »
Durant les mois suivant son podium surprise aux Jeux de 2014, une double opération aux épaules pour résoudre des habitudes de luxation et une fracture à une cheville ont bousillé sa saison post-olympique. C’est davantage sur l’attitude que sur le physique du patineur que les principales conséquences de ces retraits forcés de la compétition ont été ressenties.
« Ç’a été une dure année. Je passais de médaillé olympique à rien », illustre le patineur de 26 ans.
« J’étais trop frustré de ne pas être le meilleur. J’étais trop négatif envers tout. J’avais de la misère à me motiver à retourner sur la glace. J’ai appris beaucoup sur moi-même. Ç’a fait du bien et je pense que ça en prend des moments comme ceux-là dans la vie d’un athlète », dit-il.
DEMEURER DANS L’OMBRE
Cette fameuse « reconstruction » l’a depuis ramené au niveau international qu’on lui prédisait quand il était devenu, à Sotchi, le seul autre médaillé individuel canadien avec Charles Hamelin, impérial au 1500 m. En 2015-16, Cournoyer a obtenu cinq médailles en Coupe du monde, dont deux d’or au 1000 m. La saison dernière, deux podiums encore au 1000 m, dont sa victoire à Calgary, attestent qu’il n’est plus l’homme d’une seule distance.
Cette maturité retrouvée en a fait un candidat à surveiller lors des cruelles sélections olympiques qui se terminent demain à Montréal. Champion canadien en titre, en vertu de ses victoires notamment aux 500 m et 1500 m, l’athlète originaire de Boucherville a appris à sortir de l’ombre quand la situation le commande.
Même si tomber dans l’oubli n’a jamais rendu susceptible le médaillé olympique !
« Après mon année de merde, je suis retourné dans l’ombre dans les médias parce que je n’ai pas suivi la vague. Il faut dire que je n’ai pas utilisé ma médaille non plus pour m’afficher.
« C’est un peu de ma faute, mais, par contre, j’avais des priorités pour revenir en santé », explique-t-il sans regret.
« C’est une opportunité que je n’ai pas prise, mais ce n’est pas une opportunité que je regrette de ne pas avoir prise. Je suis bien dans ce que je fais. Je pense être à la bonne place et je n’ai pas trop de pression médiatique. »
Peu de pression ? Un portrait qui ressemble drôlement à celui d’il y a quatre ans.