Le Journal de Quebec

LES 50 ANS DU PETIT ROBERT KIM THÚY, AMBASSADRI­CE DE PASSION

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Lorsqu’on la questionne sur les meilleures raisons de posséder un dictionnai­re papier à la maison, Kim Thúy répond en riant qu’il est très utile pour atteindre les étagères les plus élevées, en plus de faire un excellent siège d’appoint pour les enfants. C’est avec beaucoup d’humour et d’humilité que l’écrivaine aborde le sujet de la langue française, qu’elle a apprise une main sur le coeur… et l’autre dans Le Petit Robert! Un précieux héritage qu’elle souhaite transmettr­e aux génération­s futures.

QUAND UNE ACCEPTION EN DÉVOILE UNE AUTRE

À l’ère numérique, nombreux sont ceux qui préfèrent la rapidité offerte parles dictionnai­res et autres ressources en ligne. Leur accessibil­ité n’est pas une tare, loin delà! Ainsi, même à l’ extérieur, il est possible de mettre le doigt sur le bon mot. Le dictionnai­re papier nous donne toutefois la chance de faire ce que Kim Thúy appelle joliment des rencontres au hasard .« je croyais comprendre le mot “réfugié”, raconte-t-elle. Après tout, je l’incarne! Mais pour en connaître l’étymologie, je l’ai cherché et je suis tombée sur le mot “refuge”, qui signifie abri. En cherchant “immigrant”, j’ai vu “immeuble”, qui est un lieu immuable. J’ai fait le lien avec réfugié, un statut éphémère pour se cacher des dangers, et immigrant, qui évoque l’ancrage. Tomber sur des mots et les lier, voilà pour moi le rôle d’un dictionnai­re! Quand je suis à court d’idées, je l’ouvre au hasard et je me laisse inspirer. » Laisser l’imaginatio­n d’un enfant courir librement dans un dictionnai­re lui permettra de se créer tout un monde intérieur.

L’UTILISATIO­N DU DICTIONNAI­RE DÈS L’ENFANCE

Si l’écriture manuscrite paraît démodée aux yeux de plusieurs alors qu’on parle même de l’exclure de certains programmes d’enseigneme­nt, il n’en reste pas moins qu’elle demeure la meilleure façon d’apprendre. Rechercher des mots dans un dictionnai­re repose, selon Kim Thúy, sur le même principe. « Les enfants doivent être initiés aux dictionnai­res papier dès le plus jeune âge, à l’école comme à la maison, insiste-t-elle. Ils ajoutent une dimension tactile à leur apprentiss­age, en plus d’améliorer la rétention des notions à long terme. » Avec des outils tels que Le Robert

illustré, il est facile d’inculquer aux tout-petits l’habitude d’aller chercher dans le dictionnai­re afin que sa consultati­on devienne un réflexe à l’adolescenc­e. Il s’agit d’en faire un jeu, de lire un livre et de s’amuser à aller chercher des mots au passage dans le dictionnai­re, puis de se laisser porter par les autres qui l’entourent. « Le Petit Robert permet aux parents d’enseigner aux enfants que les mots doivent être inventés et qu’ils doivent être possédés pour exister, explique Mme Thúy. La langue est vivante, elle continue d’évoluer! D’ailleurs, le livre pour enfants La grande fabrique de mots, d’agnès de Lestrade, est un conte magnifique qui montre aux petits l’importance de chacun des mots. »

LE TÉMOIN DE NOTRE CULTURE

Si les humains étaient appelés à disparaîtr­e demain matin, l’écrivaine aimerait que nous laissions derrière un dictionnai­re de chaque langue. Ainsi, les extra-terrestres qui débarquera­ient sur la Terre sauraient exactement qui nous étions! Car, pour elle, le dictionnai­re est un coffre-fort contenant toute la richesse de notre culture. « Les mots ne sont pas innés, mentionne Mme Thúy. Les enfants doivent les apprendre, et ensuite nous devons les travailler et faire des efforts pour maintenir nos connaissan­ces. Dans Le Petit Robert, il y a de nouveaux mots chaque année! » C’est cette dévotion que l’écrivaine voudrait faire partager au monde, car les mots ne sont éternels que lorsqu’ils sont usités.

« Laisser l’imaginatio­n d’un enfant courir librement dans un dictionnai­re lui permettra de se créer tout un monde intérieur. »

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Kim THÚY

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