Des cégeps luttent pour leur survie
Plusieurs établissements font face à la baisse démographique et à la dévitalisation qui frappent leur région
Le réseau collégial célèbre cette année son 50e anniversaire alors qu’en région des cégeps se battent pour leur survie.
À l’automne 1967, 14 000 étudiants franchissaient pour la première fois les portes des 12 premiers cégeps répartis aux quatre coins du Québec. D’autres établissements ont par la suite été créés, si bien que 48 collèges accueillent aujourd’hui quelque 177 000 cégépiens.
Malgré cet essor, certains établissements se démènent depuis des années pour défier la baisse démographique et la dévitalisation qui frappent de plein fouet leur région.
À Gaspé, le cégep accueille cette année environ 550 étudiants, soit près de trois fois moins qu’à la fin des années 1980. « Quand un cégep est soumis à une baisse démographique de cette importance, il faut réagir. C’est un gros défi », lance son directeur, Yves Galipeau.
ÉTUDIANTS ÉTRANGERS RECRUTÉS
Au cours des dernières années, plusieurs initiatives ont été mises en branle pour freiner cette tendance, comme le recrutement d’une vingtaine d’étudiants français et la mise en place d’un programme permettant à une cinquantaine de jeunes Québécois provenant des grands centres de faire une session d’études au bord du golfe du Saint-laurent.
Ce projet-pilote a d’ailleurs mené à la création d’un programme de bourses par Québec l’an dernier afin d’encourager des jeunes à aller étudier dans des cégeps de région.
Du côté de l’abitibi-témiscamingue, on tente aussi de freiner la diminution du nombre d’inscriptions en multipliant les efforts de recrutement à l’étranger et ailleurs dans la province.
LES PROGRAMMES RESTENT OUVERTS
Malgré ces initiatives, le cégep a toutefois encore dû encaisser l’an dernier une diminution du nombre d’étudiants, qui se situe autour de 2400 sur ses trois campus.
« Je ne veux pas penser à ce que ce serait si on ne mettait pas tout cet argent dans le recrutement et si on ne faisait pas tous ces efforts », laisse tomber son directeur général, Sylvain Blais.
La tâche n’est pas facile puisqu’en Abitibi-témiscamingue, la bonne situation économique nuit au recrutement, explique M. Blais. Dans cette région aux prises avec une pénurie de main-d’oeuvre, il est facile de se trouver un emploi sans formation spécialisée puisque le taux de chômage est très faible.
Conscient des besoins des employeurs régionaux, M. Blais refuse toutefois de « fermer » un programme parce qu’il n’y a pas assez d’inscriptions. Résultat : des programmes sont maintenus même s’ils comptent moins de 15 inscriptions et qu’ils ne sont pas viables financièrement.
« Je ne peux pas fermer un programme pour lequel le taux d’emploi est de 100 %, lance M. Blais. On sous-finance ailleurs, on fait des choix. On redistribue la misère dans les autres programmes. »