Travailleurs de l’ombre
Ils livrent votre Journal en région chaque nuit et par tous les temps
La route est longue et les conditions ne sont pas toujours très bonnes, mais il faut un événement exceptionnel pour freiner les camionneurs qui sont responsables de livrer votre quotidien, chaque nuit, dans les régions du Québec.
La distribution du Journal au-delà de Québec est une logistique bien huilée. Aussitôt que la salle de rédaction donne son feu vert, l’impression est lancée et il ne faut que quelques heures pour que les premiers camions de livraison soient chargés.
Martin Proulx est responsable, depuis 17 ans, de la « run » Québec-rimouski, un trajet de près de 700 km aller-retour qu’il effectue cinq fois par semaine. Mais c’est peut-être la taille de son camion qui impressionne le plus : un poids lourd de 10 roues pour livrer quotidiennement des milliers d’exemplaires du Journal, sans compter plusieurs revues et deux autres journaux concurrents. Comme quoi le papier est toujours bien vivant dans cette industrie !
DES IMPRÉVUS
Quand tout va bien, M. Proulx est prêt à partir, camion chargé, à 1 h du matin de l’entrepôt de l’entreprise Messageries Dynamiques. Sur la Rive-nord du SaintLaurent, il s’arrête plusieurs fois pour laisser à des camelots locaux des exemplaires du quotidien, puis son trajet prend fin à Rimouski vers 6 h du matin, où d’autres livreurs prennent le relais pour sillonner la Gaspésie.
Mais cette feuille de route n’est pas toujours respectée. « Sur la route, il peut arriver toute sorte de choses », indique le camionneur. Hors des grands centres, les chevreuils et les orignaux qui s’aventurent au milieu de la chaussée représentent un risque important.
L’hiver, jusqu’à deux ou trois tempêtes peuvent retarder la livraison du Journal. « Mais on se rend pareil », précise Martin Proulx : il faut faire le travail coûte que coûte.
8000 FOIS LE PARC DES LAURENTIDES
Laurier Samson acquiesce. Il peine à se souvenir d’une fois où ses exemplaires du Journal ne sont pas arrivés à bon port, au Lac-saint-jean, en 35 ans de carrière. Selon ses calculs, il a traversé la réserve faunique des Laurentides au moins 8000 fois à raison de 430 km par nuit.
« J’ai vu l’autoroute se faire au complet. J’ai vu l’hôtel du Parc se défaire, le garage Gulf qu’il y avait à l’entrée du Parc se défaire, j’ai vu brûler L’étape, je l’ai vu se faire rebâtir », énumère fièrement l’homme de 71 ans.
« Dans le Parc des Laurentides, la nuit, il faut que tu fasses attention. C’est un chemin auquel tu ne t’habitues pas », enchaînet-il. N’empêche, la route 175 se fait plutôt bien, dit-il, surtout depuis qu’elle a été entièrement revue.
Il n’a eu qu’un seul accident majeur : « En 2002, je me suis fait frapper par un van par-derrière, je suis sorti par le parebrise de mon truck et je suis tombé sur l’asphalte », explique-t-il. Il a alors été en arrêt de travail pendant six mois.
Malgré tout, il affirme qu’il ne changerait de métier pour rien au monde. « On est bien, la nuit. C’est tranquille, on a la paix et on ne s’obstine avec personne ! » souligne le camionneur.