Le Journal de Quebec

Une mère éplorée se sent oubliée

Stéphanie Lachance, dont le fils a été assassiné à Victoria, regrette que la justice ne fasse pas de place aux victimes

- JEAN-FRANÇOIS RACINE

Après deux coûteux voyages en Colombie-britanniqu­e où son fils a été assassiné, la mère d’un jeune homme de Lévis se prépare à retourner à Victoria en dénonçant notre système judiciaire « qui ne laisse que très peu de place aux victimes d’un crime ».

« C’est l’injustice entre la défense et l’aide aux victimes qui me fait réagir. L’accusé est pris en charge à 100 %. Ils ont des programmes qui coûtent des millions. Il faudrait comparer ça à ce qui est redistribu­é aux victimes. Le ratio doit être assez spectacula­ire », dénonce vigoureuse­ment Stéphanie Lachance.

Le 26 novembre 2016, son fils Raphaël Bussières, âgé de 20 ans, a été mortelleme­nt atteint d’un coup de couteau à Victoria, en Colombie-britanniqu­e. Le suspect a rapidement été arrêté après les faits.

Justin Michael David Carte, 27 ans, a été accusé de meurtre non prémédité. Ce dernier traînait un lourd passé judiciaire pour des crimes souvent violents.

Après avoir reçu le pire appel de sa vie, la mère de famille a pris le premier vol vers l’ouest du pays.

PRÈS DE 40 000 $

« Quand je suis arrivée, je savais que ça n’allait pas du tout. C’était presque une évidence qu’il n’allait pas survivre. Je voulais revenir vite pour l’annoncer moi-même à ses trois soeurs », raconte Mme Lachance.

En un temps record, elle a rassemblé les biens personnels de son fils, en plus de vendre son auto là-bas.

Bien malgré eux, les deux parents ont repris le travail rapidement après les Fêtes, un mois après le crime.

Jusqu’à maintenant, le couple a dépensé près de 40 000 $ et espère recevoir une aide d’environ 8000 $.

En mai, toute la famille est retournée à Victoria pour l’enquête préliminai­re. Avant de faire face à l’accusé au tribunal, la mère avait trouvé des photos de lui sur internet.

« Il y a des montants disponible­s pour les victimes, mais on n’a encore pas eu un sou. Il faut être autonome et j’ai trouvé ça infernal de trouver les ressources disponible­s. La Charte s’assure de l’équité pour la défense, mais il n’y a plus d’équité pour les victimes », déplore la mère.

La Couronne, qui peut compter sur de bons témoins pour étoffer sa preuve, a accepté de rencontrer la famille en deuil. « Ma crainte était de voir une entente pour homicide involontai­re. À la Cour, c’est la Couronne contre la défense. La victime n’existe pas », ajoute Stéphanie Lachance.

UN RÔLE IMPORTANT

À Ottawa, l’arrivée au pouvoir de Justin Trudeau n’a rien non plus pour rassurer Stéphanie Lachance.

« Il y a davantage un assoupliss­ement des règles. Des gens dangereux se retrouvent dans la rue. Avec le passé criminel de l’accusé, c’était évident que ça allait dégénérer un jour. »

Le procès d’environ deux semaines a été fixé le 18 décembre, mais il serait surprenant que les procédures commencent avant Noël.

« C’est à nous de mettre la pression sur le juge. C’est tout ce qu’on peut faire. Et, plus tard, il faudra retourner devant la Commission des libération­s conditionn­elles. Ce n’est jamais fini. »

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PHOTO DIDIER DEBUSSCHÈR­E Stéphanie Lachance n’a rien déplacé ou presque dans la chambre de son fils assassiné en novembre 2016.

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