« Pendant tout ce temps, j’étais ici à vous attendre », dit-il aux policiers
Un auteur arrêté pour son implication dans un quadruple meurtre en Chine
PÉKIN | (AFP) Quand la réalité dépasse la fiction : en Chine, un auteur de romans policiers vient d’être arrêté pour son implication supposée dans un quadruple meurtre, une affaire non élucidée qui date des années 1990.
Les enquêteurs tentaient depuis 22 ans de comprendre comment une famille avait été massacrée un soir de novembre 1995 dans la maison d’hôtes qu’elle tenait dans la province du Zhejiang.
Pendant des années, les policiers ont rempli d’innombrables calepins, listant suspects potentiels et indices. Avant de découvrir il y a quelques jours que la réponse se cachait peut-être... dans les librairies du pays, racontée noir sur blanc par un écrivain.
Liu Yongbiao, un professeur et auteur de polars de 53 ans, a été arrêté la semaine dernière à son domicile dans la province de l’anhui, voisine de celle du lieu du crime, a indiqué la police. Un autre habitant de son village a lui aussi été interpellé.
Accusés des quatre meurtres, les deux hommes ont avoué. Aux policiers venus l’arrêter, M. Liu aurait déclaré : « Pendant tout ce temps, j’étais ici à vous attendre », ont raconté les autorités au site internet d’information chinois The Paper.
L’auteur de romans policiers collaborait avec l’une des plus grandes maisons d’édition du pays. L’une de ses oeuvres avait même fait l’objet d’une adaptation en feuilleton télévisé.
FRAPPÉS À LA TÊTE
Dans la préface de son roman Un douloureux secret, il expliquait, selon The Paper, être en train d’écrire une suite de l’histoire, dans laquelle l’héroïne serait... une auteure de romans commettant une série de meurtres jamais élucidés. Le titre envisagé pour l’ouvrage était La belle écrivaine qui portait tant de morts sur ses épaules.
Le macabre crime dont s’accuse aujourd’hui M. Liu aurait aisément pu fournir une bonne partie de la matière nécessaire à l’intrigue.
Dans la soirée du 29 novembre 1995, deux hommes s’étaient enregistrés dans une pension de famille de Huzhou, une localité pittoresque de l’est de la Chine, avec l’in- tention de réaliser un cambriolage.
Mais le plan a mal tourné et le couple de propriétaires, leur petit-fils et un autre client ont été frappés à mort à la tête avec un objet contondant.
« ENFIN LIBÉRÉ »
Faute de techniques scientifiques modernes, la police a longtemps dû se contenter d’un unique et maigre indice pour son enquête : les deux hommes recherchés avaient un fort accent de la province de l’anhui, assurait à l’époque un employé de la maison d’hôtes.
Mais les policiers ont fait, il y a quelques jours, « une découverte capitale », notamment grâce à des tests ADN, qui leur a permis de remonter jusqu’à l’écrivain.
Un des policiers venus l’interpeller a raconté au site The Paper que l’écrivain lui a confié une lettre adressée à sa femme. « J’ai attendu ce moment pendant 20 ans », y écrit l’écrivain.
« Tout cela se termine finalement aujourd’hui. Je suis enfin libéré de cette souffrance mentale que j’ai dû endurer pendant si longtemps. »