Le Journal de Quebec

Survivre aux morsures du destin

Ann Kidd Taylor – Hôtel des muses

- MARIE-FRANCE BORNAIS

Hôtel des Muses, le premier roman de la romancière américaine Ann Kidd Taylor, explore à la fois la biologie marine et la survie des espèces menacées, comme les raies et les requins, et les grands tumultes de la vie amoureuse.

Ce roman fascinant, envoûtant du début à la fin, se déroule en Floride, dans une petite communauté du golfe du Mexique. Maeve, une biologiste marine, retourne à l’hôtel des Muses, une auberge à thématique littéraire fondée par son exubérante grand-mère sur un îlot de rêve. À la veille de son anniversai­re, elle souhaite y retourner pour faire le point sur sa vie. Les surprises sont au rendez-vous puisqu’elle tombe nez à nez avec Daniel, le nouveau chef... qui était aussi son fiancé sept ans auparavant. Son frère jumeau lui donne à lire le manuscrit de son roman bientôt publié... dans lequel il étale sans gêne toute la vie amoureuse de Maeve.

« J’avais l’impression que les personnage­s de Maeve et Hazel n’arrêtaient pas de me parler. Créer un monde pour eux, rêver à leur vie était tellement réel pour moi que c’en était presque une intoxicati­on », partage Ann Kidd Taylor, en entrevue téléphoniq­ue.

Ironiqueme­nt, cette histoire n’est pas venue des requins, dont il est beaucoup question, mais de Maeve, la biologiste marine qui est au coeur du roman. « Je terminais la tournée de promotion pour Traveling with Pomegranat­es, que j’ai coécrit avec ma mère, Sue Monk Kidd. Un jour, une jeune femme a commencé à me raconter son histoire, dans mon imaginatio­n. Quand je pouvais aller marcher, j’avais le sentiment que sa voix était le noyau d’un roman. Mes antennes créatives ont poussé et l’histoire est née. Qui est cette femme? Que fait-elle? »

Au même moment, elle a écouté une entrevue avec l’océanograp­he Sylvie Earle, qui parlait de son travail et décrivait l’océan comme « le coeur bleu de la planète ». « Ça m’a beaucoup marquée. Je n’avais jamais entendu un scientifiq­ue parler de son travail avec autant de poésie et de spirituali­té. Cela a ouvert la porte à l’univers de Maeve. »

CICATRICE

Ann Kidd Taylor vit en Floride et fait un peu de plongée libre (snorkeling), mais n’a jamais été mordue par un requin. « Le golfe du Mexique est dans ma cour arrière. Nous avons déménagé à Marco Island. L’île de Maeve est vraiment inspirée de l’endroit où je vis. » Elle rappelle que la trahison amoureuse subie par Maeve fait écho à la cicatrice laissée par la morsure d’un requin, quand son héroïne avait 12 ans.

« C’était la cicatrice visible... c’est seulement beaucoup plus tard que j’ai réalisé que Maeve avait aussi été blessée profondéme­nt par la trahison de Daniel. Elle portait deux cicatrices; l’une qui a donné naissance à sa passion pour les requins, l’autre, qui lui a appris à gérer un vrai tourment intérieur. »

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Ann Kidd Taylor Hôtel des Muses Éditions Calmann-levy 394 pages

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