Le consommateur oublié
Dans les négociations en cours sur L’ALENA, est-ce que quelqu’un s’occupe de défendre vos intérêts en tant que consommateur ?
Quand Donald Trump dit souhaiter augmenter à 800 $ la valeur des biens exemptés de taxes quand ils passent nos frontières, nous devrions nous réjouir. Mais non, c’est vu comme une mauvaise nouvelle, parce que les commerçants d’ici s’inquiètent.
Remarquez, ils ont raison de s’inquiéter, eux qui doivent facturer des taxes à leurs consommateurs. Mais peut-on réfléchir à une solution en partant des intérêts du consommateur, au lieu de partir des intérêts de nos entreprises ? Dans ce cas-ci, au lieu de s’opposer à l’idée de Trump, nos élus devraient se creuser la tête pour trouver une façon de réduire le fardeau fiscal de nos entreprises. Baisser leurs taxes à elles aussi, pour qu’elles demeurent compétitives.
LES LOBBYS PARLENT HAUT ET FORT
Quand les journalistes ou les politiciens parlent d’accords commerciaux, qui présente le point de vue du consommateur ?
Ceux qui se font entendre haut et fort lors des discussions sur le libre-échange sont les lobbys, agissant pour les entreprises (ou les groupes de travailleurs) les plus susceptibles de perdre des acquis ou des parts de marché si la concurrence étrangère arrive.
Le consommateur qui souhaite avoir plus de choix et payer moins cher ? Il est assez loin dans la liste des priorités. Les journalistes font trop souvent leurs manchettes en parlant des entre- prises directement touchées par une ouverture au commerce, au lieu de se demander si cela profiterait à la majorité des citoyens.
Pourtant, un rapport du Sénat publié en 2013 révélait que malgré L’ALENA, il existe encore 8192 tarifs différents pour bloquer ou rendre plus cher des biens étrangers comme des pièces mécaniques, des produits laitiers ou de l’équipement de hockey. Ce sont des taxes déguisées imposées aux consommateurs canadiens qui résultent souvent de pressions exercées par les différents lobbys.
PAS DE CHAISE POUR LE CONSOMMATEUR
Et quand je regarde la liste des membres du comité de L’ALENA de la ministre Chrystia Freeland, qui négocient en ce moment en notre nom, je ne vois personne qui représente le consommateur ou le contribuable.
Certes, ce sont tous des gens de qualité qui peuvent avoir une feuille de route impressionnante, mais quand je vois que le comité inclut un ancien chef d’une grande banque, le président de l’union des producteurs agricoles, un « défenseur des arts et de la culture et ancien dirigeant syndical », plusieurs chefs ou anciens chefs d’entreprises ainsi qu’« un des dirigeants syndicaux les plus expérimentés du Canada », je me demande si les intérêts du consommateur feront réellement partie des priorités.
Remarquez que les consommateurs américains, eux aussi, sont sans voix lors de ces négociations.
Eux qui doivent aujourd’hui payer plus cher leur bois d’oeuvre – et leurs maisons – parce que le lobby américain du bois d’oeuvre, lui, a une place de choix à la table.