Le Journal de Quebec

La touche « pause »

- Loïc Tassé

Le destroyer USS John McCain est entré en collision avec un pétrolier. Cet incident est le second du genre après celui du 16 juin dernier, alors qu’un autre destroyer avait été heurté par un porte-conteneurs au large des côtes japonaises.

Le chef de la marine américaine a donc ordonné une pause opérationn­elle de tous les navires de guerre américains à travers le monde. À bien y penser, il serait peut-être souhaitabl­e de mettre sur « pause » l’ensemble des activités politiques de la Maison-blanche.

1 Pourquoi ces collisions avec des navires de guerre américains ? Ce genre de collision est rare et suspect pour que la marine américaine suspende toutes ses opérations, y compris celles des très importants exercices militaires conjoints avec la Corée du Sud. Il pourrait s’agir d’un simple accident malheureux. Mais la décision extraordin­aire de la marine américaine laisse plutôt penser qu’il y a anguille sous roche. Les hypothèses les plus aimables pour la marine américaine évoquent l’épuisement des équipages et la trop grande dispersion des forces américaine­s en Asie. D’autres explicatio­ns moins plaisantes pourraient être que les équipages sont mal formés ou que des logiciels embarqués à bord des navires sont défectueux.

2 La Chine pourrait-elle y être pour quelque chose? La collision s’est produite à l’arrière du navire américain. Or, ce navire est précisémen­t celui qui, quelques semaines plus tôt, était entré dans les territoire­s de mer de Chine qui sont revendiqué­s par les Chinois. Un simple hasard ? L’accident en tout cas semble dévoiler une vulnérabil­ité inattendue des navires de guerre américains.

3 Les États-unis sont-ils vulnérable­s ? Cette vulnérabil­ité de la marine américaine peut être étendue à l’ensemble de la région asiatique. La Maison-blanche vient de lancer une enquête sur les problèmes de propriété intellectu­elle en Chine. Un problème évident qui existe depuis plusieurs décennies. Mais pourquoi s’y intéresser maintenant ? Il y a 10 ans, les exportatio­ns chinoises aux États-unis représenta­ient environ 8 % du PNB de la Chine. Aujourd’hui, elles valent environ 2 % du PNB chinois. Autant dire que les États-unis n’ont pratiqueme­nt plus de levier économique efficace contre la Chine. La même observatio­n peut être faite avec les autres pays asiatiques. Les ÉtatsUnis ne sont plus que leur second, troisième ou quatrième partenaire commercial. La Chine est première partout. L’influence américaine recule vite.

4 Trump va-t-il appuyer sur « pause » ? Les stratégies politiques de la Maison-blanche à l’internatio­nal et à l’interne donnent l’impression d’un singe qui se précipite partout sur les murs, dans une quête désespérée pour trouver des bananes. On souhaitera­it que l’administra­tion Trump appuie sur la touche « pause » et qu’elle se demande ce qui ne fonctionne pas. Mais cela ne se produira pas. L’administra­tion Trump devrait continuer à perdre de l’influence et à être éperonnée. Sans comprendre pourquoi.

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