Au pays des rêvesavec MR.T
WHITBY, ONTARIO | Tous les pêcheurs rêvent un jour de combattre le monstre de leur vie, d’avoir peur que tout casse, de se faire quasiment arracher la canne des mains par leur prise. Tout cela, j’ai eu la chance de le vivre la semaine dernière en pêchant dans les eaux du lac Ontario.
En décembre dernier, au Salon national de la pourvoirie de Québec, j’avais discuté avec MR.T, le guide Stéphane Tremblay, qui offrait ses services pour les aventures de pêche sur le lac Ontario. Les photos et sa façon de présenter ses journées de pêche et ses équipements m’avaient convaincu que je pouvais lui faire confiance. Jamais je n’aurais cru vivre une aventure de pêche aussi mémorable.
Le lundi 14 août, il est six heures du matin lorsque nous nous présentons au bateau de Stéphane. Après quelques explications sur la journée de pêche qui débute, nous quittons tranquillement la marina avant de prendre le large sur cette véritable mer intérieure, avec ses 85 kilomètres dans le plus large et ses 300 kilomètres de long.
Après nous avoir expliqué qu’il allait commencer la pêche dans une profondeur de 300 pieds et plus, rendu à destination, notre guide installe les lignes. Le groupe de quatre que nous étions ne savait pas à quoi s’attendre. Il ne faut qu’une vingtaine de minutes avant que le bal commence. Première prise de la journée, une truite arcen-ciel de 14 livres. Nous sommes tous très heureux, croyant que nous venions de prendre le poisson de la journée. C’était bien mal connaître notre guide.
UNE DANSE CONTINUE
Très mauvaise estimation de notre part. Les yeux rivés sur son sonar, modifiant les appâts et les distances de traîne de façon régulière, le guide nous fait vivre une journée unique. Il ne faut pas attendre très longtemps pour qu’une autre prise se présente. À tour de rôle, nous nous relayons sur les cannes où les poissons mordent. Soudain, une première ligne bouge. Gilles s’en empare, et le combat commence. Quelques secondes plus tard, une deuxième, puis une troisième et une quatrième. Tout notre quatuor de pêcheurs est au boulot. Au travers de tout cela, tel un grand chef d’orchestre, Stéphane Tremblay dirige les combats. Tout un épisode intensif
où le guide expérimenté devient plus important que jamais.
Après une période de repos bien méritée, je surveille les lignes parce que c’est mon tour. Tout à coup, l’attaque est sauvage. La ligne file à la vitesse de l’éclair. Je m’empare de la canne, et un combat difficile débute. Après 45 minutes d’efforts, le poisson se sauve. Selon Stéphane, il s’agissait certainement d’un gros saumon.
LE COMBAT DE MA VIE
À six heures du matin, le 15, nous quittons la marina. Cette fois, nous allons mettre des efforts importants dans la zone où, selon Stéphane, le saumon abonde.
Le guide nous explique que les prises seront moins nombreuses, mais que lorsqu’un poisson sera sur la ligne, il en vaudra la peine. Il n’avait jamais si bien dit alors que l’on assiste à tout un combat entre un de mes copains de pêche, Roger Ouellette, et un saumon chinook de 17 livres. À la fin, il est complètement vidé. Il en tremble. Une quarantaine de minutes plus tard, c’est à mon tour. Le poisson qui a mordu à la canne que je tiens sort 317 pieds de ligne en plus des 200 de base, avant de s’arrêter à 517 pieds. S’engage alors le combat de ma vie de pêcheur. Durant plus de 50 minutes, il me fait travailler d’arrache-pied, vendant très chèrement sa peau. Finalement, il est là, dans l’épuisette où Stéphane vient tout juste de le récupérer. Quel poisson impressionnant ! Malgré le fait qu’il m’a poussé dans mes derniers retranchements, complètement vidé, je l’admire et, surtout, je le respecte encore plus. Merci au lac Ontario de m’avoir fait vivre de telles émotions !