Le Journal de Quebec

Mathieu Bock-côté

- MATHIEU BOCK-CÔTÉ e Blogueur au Journal

Sociologue, auteur et chroniqueu­r

On célèbre aujourd’hui les 40 ans de la loi 101. Nous sommes habitués à en dire du bien. Avec raison.

Il s’agit probableme­nt du geste politique le plus important de notre histoire.

Cette loi, nous la devons à Camille Laurin, qui l’a portée, et à René Lévesque, qui l’a endossée. L’époque y était favorable : en 1977, le Québec était encore porteur de l’énergie de la Révolution tranquille et voulait se réappropri­er son destin.

CULTURE

Avec elle, pour la première fois, le peuple québécois affirmait clairement que sa culture était fondatrice chez lui.

Il rappelait aussi que le français devait être la langue commune et qu’elle devait être au coeur de notre existence collective. La loi 101 ne concernait pas seulement la « langue publique », comme le disent ceux qui, aujourd’hui, veulent l’aseptiser.

En fait, elle visait tout simplement à assurer la survie et l’émancipati­on d’un peuple qui s’était longtemps senti étranger chez lui.

Et pourtant, si 40 ans plus tard, on célèbre la loi 101, il faut convenir de son triste état.

D’abord, elle est pleine de trous. La loi 101 d’aujourd’hui ressemble bien peu à celle des origines. Ottawa l’a torpillée. Les tribunaux ont oeuvré à sa déconstruc­tion. Elle a perdu en efficacité.

Deuxième constat : ses fondements sont contestés. Récemment, on a vu les jeunes libéraux envisager la remise en question de son principe. Dans une société marquée par un individual­isme fanatisé et un multicultu­ralisme extrême, la défense du français passe pour discrimina­toire.

DÉCLIN

Le mal est aussi intime. Notre société semble moins attachée au français qu’auparavant. Hier, défendre l’identité québécoise, cela consistait à défendre la langue. Aujourd’hui, cela consiste surtout à chanter la laïcité.

Cette dernière est évidemment importante. Mais nous aurions tort d’oublier le caractère vital de la langue française qui demeure le fondement de notre identité, celle qui exprime notre singularit­é en Amérique.

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