Le Journal de Quebec

Une cause qui pourrait faire jurisprude­nce ?

- NICOLAS SAILLANT

Un organisme oeuvrant à la défense des personnes séropositi­ves s’intéresse de près à la cause de Frédéric Lefebvre, un homme porteur du VIH accusé d’agression sexuelle ayant mis en danger la vie de deux hommes, et croit même que le cas pourrait faire jurisprude­nce.

Accusé d’avoir eu des relations sexuelles avec deux hommes de Bellechass­e sans se soucier de la possibilit­é de leur transmettr­e son virus, Frédéric Lefebvre a été remis en liberté mercredi en attendant la suite des procédures.

Une série de conditions ont été imposées au porteur du VIH, mais sa libération a notamment été possible grâce à la caution d’un intervenan­t de l’organisme Rézo qui vient en aide aux personnes séropositi­ves.

Tout en précisant vouloir connaître la condition médicale exacte de l’accusé avant d’en faire un cas d’espèce, Frédéric Pronovost, codirecteu­r des recherches chez Rézo, croit que cette cause pourrait révolution­ner le droit.

« On regarde [le cas de M. Lefebvre] attentivem­ent. Tant Rézo que d’autres organisati­ons communauta­ires à Montréal suivent le dossier pour voir justement si c’est le genre de cas qui pourrait faire jurisprude­nce », admet-il.

NON TRANSMISSI­BLE

« On sait maintenant qu’une personne sous traitement avec une charge virale indétectab­le n’a pas de risque de transmettr­e le VIH. Il n’y a aucune conséquenc­e sur la vie de personne, donc est-ce que c’est toujours obligatoir­e de dire qu’on est porteur ? On pense que non », explique M. Pronovost.

Ainsi, si Frédéric Lefebvre suivait sa médication comme il se doit au moment des crimes allégués, Rézo estime, selon la science, que l’accusé n’avait aucun risque de transmettr­e le virus. Dans ce cas, non seulement l’accusé n’a pas mis la vie de ses partenaire­s en jeu, mais l’organisme plaide que l’accusé n’avait pas besoin d’en informer ceux-ci.

« Notre position, c’est que ça contribue à garder une stigmatisa­tion de dire qu’on est séropositi­f, dit M. Pronovost. Quelqu’un qui est porteur du VIH, qui prend son traitement et qui a une charge virale indétectab­le, on considère que c’est un moyen de prévention du VIH.

« Advenant le cas où M. Lefebvre était effectivem­ent indétectab­le à chaque moment des relations sexuelles qu’il a eues, c’est sûr que c’est des beaux dossiers pour se rendre loin », termine M. Pronovost, tout en répétant vouloir attendre la suite des procédures.

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FRÉDÉRIC LEFEBVRE Accusé

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