Le Journal de Quebec

En Irlande, on bouge !

- MAXIM maxim.martin@quebecorme­dia.com MARTIN

Il ne me reste que quelques heures à Dublin avant de prendre l’avion en direction du capharnaüm du Québec. À travers les manifs, les migrants qui abondent, la petite guéguerre entre la gauche et la droite qui prend des proportion­s démesurées, et avec le Hitler sans la moustache qui gouverne au sud de nous, la bonne nouvelle, c’est que bientôt, c’est nous qui allons pouvoir demander l’asile politique dans un autre pays.

Mais restons en paix pour au moins les prochains paragraphe­s…

Je suis venu en Irlande pour participer au IRONMAN 70.3. Ouin, ç’a de l’air que l’excessivit­é continue même pendant mes vacances.

J’avoue que celui-là a fait mal, mais d’une drôle de façon. Ce n’est pas autant que j’avais mal aux jambes ou dans le dos, mais on aurait dit que mes organes n’étaient plus à la bonne place dans mon corps. J’imagine que je devrais faire checker ça si ça continue.

Non seulement le matin de l’événement, l’horizon nous avait préparé le plus beau lever de soleil possible, mais aussi, tout le long de la nage, quand je levais la tête pour voir où j’étais rendu, tout ce que je voyais, c’était des maisons au style irlandais qui décoraient la côte. Pendant les 40 minutes que j’ai passées dans l’eau, je n’arrêtais pas de me dire : « Je peux pas croire que je suis en train de nager dans la mer à Dublin. »

UNE BELLE LEÇON

J’ai aussi appris une belle leçon de vie. Après avoir avalé une couple de vagues, j’ai réalisé que le corps humain n’est pas un grand fan de l’eau salée et que quand tu en avales trop, il te la renvoie comme ça, pour le fun.

Ensuite, la portion vélo nous transporta­it à la campagne juste à l’extérieur de Dublin. C’était à couper le souffle. La campagne irlandaise comme on l’a souvent vue à la télé directemen­t sous tes yeux. J’ai vu une chapelle, isolée en plein milieu d’un champ, qui avait plus de 600 ans et croisé des petits villages où t’as juste envie de t’installer. Tout ce que je voulais faire, c’était de m’arrêter prendre des photos et jaser avec le monde, ce qui est quand même paradoxal lorsque tu cours contre la montre.

INJUSTICE DE LA VIE

Il y avait un village en particulie­r où chaque maison avait une écurie sur son terrain et des chevaux qui couraient partout à perte de vue. Je me suis dit : « OK, pas le choix, c’est ici qu’il faut que je rencontre la femme de ma vie. Suis sûr qu’elle va se retourner vers moi d’une seconde à l’autre avec ses cheveux emportés par le vent. »

Quand nos regards vont se croiser, le temps va s’arrêter et même ses cheveux vont rester suspendus dans les airs. Mais là, évidemment, tu te demandes comment tu vas faire pour la recroiser un jour. Quelle injustice de la vie. À ta grande surprise, tu la croises au fil d’arrivée, car elle y est pour encourager une amie qui a survécu au cancer et qui participe au triathlon pour montrer que dans la vie tout est possible… et c’est là que je réalise que j’ai écouté trop de films de filles dans l’avion en m’en venant ici.

La course a été douloureus­e, c’est pas mal ça qui m’a achevé, mais je me suis répété ces mots magiques : « Hey le grand, tu fais un IRONMAN à Dublin, ta gueule. » Et du coup, tout est redevenu facile. Soit ça ou bien mon corps s’est dit : « Sérieux, peux-tu en finir de cette maudite course-là ? » Mais le plus génial dans tout ça, c’est que chaque douleur est associée à des images inoubliabl­es.

Dans le fond, peut-être un bon temps pour demander l’asile politique…

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