Le Journal de Quebec

Les caméras sont parfois justifiées

- CATHERINE MONTAMBEAU­LT

Le jugement de la Cour supérieure dans le dossier Sysco n’empêchera pas nécessaire­ment toutes les entreprise­s de livraison d’ajouter des caméras dans leurs camions, avertit l’associatio­n du camionnage du Québec.

« C’est certain que ça trace la voie pour les autres décisions que pourraient prendre les tribunaux, mais ça ne veut pas dire que certains transporte­urs ne pourraient pas invoquer d’autres motifs pour justifier l’installati­on de caméras », explique Marc Cadieux, PDG de l’associatio­n du camionnage et avocat.

« Par exemple, certaines compagnies transporte­nt des articles de grande valeur ou carrément de l’argent. D’autres transporte­nt des produits dangereux. Alors peutêtre qu’à ce moment-là, certains équipement­s de surveillan­ce à l’intérieur du camion peuvent être justifiés », estime-t-il.

PRODUITS DANGEREUX

En 2014, c’est exactement ce qui a fait pencher le tribunal d’arbitrage du côté de Linde Canada, un transporte­ur de gaz industriel­s et commerciau­x.

Alors que les camionneur­s québécois embauchés par l’entreprise s’opposaient aux Drivecam, l’arbitre a conclu que le transport de produits dangereux comme l’hydrogène donnait droit à l’employeur d’épier ainsi ses employés.

Marc Cadieux considère qu’outre ce type de motif, rien ne devrait permettre une telle surveillan­ce, surtout au Québec.

« Aux États-unis, les nombreuses poursuites qui sont intentées peuvent pousser l’industrie à se protéger et à investir dans ce genre d’équipement­s, indique-t-il. Mais ici, ce sont les assurances qui paient en cas d’accident. Alors je ne vois pas l’intérêt de filmer les chauffeurs. »

VÉRIFICATI­ON

« Je ne suis pas surpris qu’on interprète ça comme une intrusion dans la vie privée », ajoute-t-il.

Dans son jugement, la Cour supérieure souligne que « d’autres moyens moins attentatoi­res » auraient pu être utilisés par l’entreprise Sysco pour faire de la prévention auprès de ses employés, comme offrir plus de formation, obliger ceux qui sont impliqués dans plus d’accidents à travailler en tandem ou faire des « vérificati­ons surprises » en cours de journée.

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