Le Journal de Quebec

« Ça a été une bénédictio­n pour moi »

- ÉRIC YVAN LEMAY

L’auteure Kim Thuy n’hésite pas à parler d’une bénédictio­n lorsqu’elle parle de la loi 101 qui lui a permis d’apprendre le français à l’école.

« J’ai pu retrouver une liberté, ça m’a donné une voix. Avec le communisme, on n’avait plus de voix », dit l’auteure qui a fui le Vietnam avec ses parents et qui est arrivée au Québec en ne maîtrisant pas bien le français.

Après une quarantain­e d’années au pays, le français est devenu sa langue, mais elle estime qu’il faut aussi s’ouvrir aux autres langues.

« Ce n’est pas parce qu’on parle anglais parfois qu’on n’aime pas le français. Comme ce n’est pas parce qu’on aime le voyage qu’on n’aime pas le Québec », illustre-t-elle.

Même si ses parents parlaient vietnamien, elle dit ne pas avoir eu trop de difficulté­s avec le français à l’école.

« La première année a été plus difficile. Mais, comme je passais plus de temps avec mes amis qu’avec mes parents, qui avaient deux ou trois emplois, j’ai appris », dit celle qui est aujourd’hui ambassadri­ce pour le dictionnai­re Petit Robert au Québec.

Y METTRE LES EFFORTS

Son fils a aussi eu la chance d’apprendre plus d’une langue, puisqu’il est né lorsqu’elle et son conjoint vivaient à Bangkok. Ils sont revenus au Québec alors qu’il n’avait que deux ans et demi. Il a donc pu faire son parcours scolaire en français. Il n’a pas nécessaire­ment eu un parcours scolaire plus facile.

« À la base, tout le monde doit apprendre le français, même ceux dont les parents le parlent. Il faut y mettre les efforts », dit-elle.

C’est pourquoi la loi 101 est un outil important. D’après elle, plusieurs immigrants choisiraie­nt l’anglais s’ils avaient le choix de la langue à l’école.

« Ça a permis de créer toute une génération de francophon­es. Même les Vietnamien­s, quand on se parle entre nous, on se parle en français », dit-elle. L’auteure refuse par ailleurs de tomber dans l’alarmisme de ceux qui disent que la langue maternelle française est en recul au Québec.

« Ce n’est pas la langue maternelle qui fait la différence. On est plusieurs à ne pas avoir le français comme langue maternelle même si on le parle tous les jours », conclut-elle.

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KIM THUY Auteure

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