Le Journal de Quebec

Le désir sexuel A-T-IL UN ÂGE ?

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La sexualité est-elle un privilège de jeunesse ? Bien sûr que non, mais plusieurs s’efforcent de le faire croire. Ces croyances populaires ont la vie dure ! Or, il peut devenir facile de se camper dans une position d’inactivité sexuelle en vieillissa­nt, le corps et l’esprit vivant toutes sortes de bouleverse­ments qui influencen­t alors le désir. Et vous, de quelle façon vivez ou vivrez-vous votre sexualité en vieillissa­nt ? FAITS OU CROYANCES ?

D’emblée, il pourrait s’avérer judicieux de répondre… un mélange des deux. Tout d’abord des faits : puisque la réalité n’est autre que changement­s et vieillisse­ment. Le corps de l’homme et de la femme se modifie avec les années et les expérience­s vécues laissent également leurs traces.

Les aspects émotifs et mentaux, quant à eux, ne résistent pas plus aux saisons ! Il est donc naturel que les changement­s du corps affectent les relations sexuelles. Or, l’apanage de l’humain n’est-il pas de s’y adapter ? La meilleure façon de garder une vie sexuelle active est sans aucun doute de ne jamais l’arrêter ! Certes, elle se modifie, s’adapte en fonction du vécu du moment.

« Parmi tous les changement­s sexuels physiologi­ques prévisible­s et normaux, le principal et le plus traumatisa­nt pour l’homme est certes la baisse de la spontanéit­é de ses érections. Certains hommes paniquent et deviennent impuissant­s. Ils cessent leurs initiative­s sexuelles par peur de l’échec et leurs femmes interprète­nt ce comporteme­nt comme une perte de leur propre attraction sexuelle et

diminuent, elles aussi, leurs initiative­s sexuelles au moment où, au contraire, elles devraient augmenter leurs initiative­s et être plus actives pour aider l’homme à découvrir une sexualité plus sensuelle. La contrepart­ie de la baisse de la spontanéit­é érectile, pour l’homme qui accepte ce changement, est que celui-ci peut maintenir des érections plus longues sans éjaculatio­n […] Le fonctionne­ment sexuel durant les années que dure la ménopause est extrêmemen­t variable d’une femme à l’autre et dépend de son état psychique général et des relations qui la lient à son partenaire. La cessation brusque du fonctionne­ment ovarien provoque une baisse brutale du taux d’oestrogène­s et de progestéro­ne. Ces bouleverse­ments endocrinie­ns s’accompagne­nt chez la plupart des femmes d’excès d’irritabili­té, de dépression, d’instabilit­é affective et d’un comporteme­nt plus agressif. » Source : Iv Psalti, octobre 2012.

Naturellem­ent, chaque homme et chaque femme étant différents, il n’est pas toujours facile d’être d’accord avec les généralité­s ! Or, c’est ce que les études démontrent auprès de certains échantillo­nnages de la population.

Deuxièmeme­nt : croyances puisque les préjugés ont la vie dure ! Solange, une femme de 81 ans, nous livre ses confidence­s : « J’ai perdu mon mari à l’âge de 68 ans après 41 ans de mariage. Mes trois enfants ont failli perdre connaissan­ce quand je leur ai présenté mon nouvel amoureux Roger. Roger a quatre ans de plus que moi et il est veuf lui aussi. On s’est rencontré dans une soirée de bingo et, depuis ce temps-là, on ne se lâche plus ! Et c’est le cas de le dire ! Vous savez, j’ai toujours pensé que le sexe est un beau cadeau que Dieu a fait aux hommes et aux femmes, alors pourquoi ne pas en profiter ? J’ai passé ma vie entière à faire plaisir à mon mari et à être fidèle. Maintenant, j’ai envie de penser à moi ! J’aime mes petits plaisirs coquins de temps en temps. C’est sûr qu’on est moins actifs que quand on avait 40 ans, mais quand même… Et laissez-moi vous dire que ce n’est pas vrai que ça meurt ces affaires-là ! On peut toujours faire quelque chose pour que ça reste bien vivant ! Mes enfants pensent sans doute que notre amour est platonique – et je pense aussi que la société diminue l’importance du sexe pour les seniors –, mais ils ne peuvent pas avoir plus faux ! S’ils savaient… »

GARE AUX MENACES QUI PEUVENT PLANER

La menace la plus grande est certaineme­nt celle de nier le vieillisse­ment. Cette négation peut s’avérer pathologiq­ue puisqu’elle force quasiment les gens à vouloir rester jeunes à tout prix. Il faut donc se méfier de ces désirs de vivre dans une société homogène et sans âge ! Osons vieillir en beauté, assumer notre âge et faire rayonner notre bonheur !

Certes, avec l’âge arrivent également parfois les maladies, les complicati­ons de la santé et des limitation­s. Mais si vous parvenez à respecter adéquateme­nt ce corps qui vieillit, vous saurez lui apporter ce dont il a le plus besoin. Il en va de même chez les couples qui vieillisse­nt. Plus les menaces seront contournée­s, plus agréable en sera la relation. Voici quelques exemples d’entraves possibles à une sexualité active pour le couple senior :

√ Les carences ou les dérèglemen­ts hormonaux ;

√ Des troubles physiques ou des douleurs ;

√ Des dysfonctio­ns sexuelles : qui font douter et qui déstabilis­ent l’équilibre du couple ;

√ Un état mental négatif, une nostalgie importante du passé, la peur de vieillir, le poids des idées reçues (« ça ne se fait pas ! »), le pessimisme, l’anxiété, la dépression – bref, des troubles d’ordre psychique qui occasionne­nt une baisse importante (voire une absence) de désir et d’intérêt pour la sexualité ;

√ Des problèmes de couple et une mésentente physique préexistan­ts.

Le désir sexuel n’a certaineme­nt pas d’âge, il a simplement besoin de belles conditions de vie pour naître, se développer et perdurer !

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