Recours collectif contre des « frais cachés » d’airbnb
Plus de 820 000 Québécois utilisent cette plateforme
Une demande en recours collectif contre Airbnb a été déposée en Cour supérieure du Québec, accusant l’entreprise américaine de facturer des frais de service de façon illégale aux utilisateurs du Québec.
Si elle est entérinée par un juge, la requête pourrait toucher des milliers de voyageurs québécois, alors qu’airbnb en recensait plus de 820000 dans la province en 2016.
Le recours collectif fait valoir que l’ajout de frais de services « cachés » au prix initial de la location, allant de 13 à 17 %, est « mal intentionnée et vexatoire ». Une pratique également illégale selon la Loi sur la protection du consommateur, puisque le montant est facturé à la toute dernière étape de la transaction.
« Aucun commerçant, fabricant ou publicitaire ne peut, par quelque moyen que ce soit exiger pour un bien ou un service un prix supérieur à celui qui est annoncé », précise l’article 224 c. L’action collective exige ainsi que ces frais soient ajoutés au montant initial de la location du logement.
« 141 $ SANS QUE JE SACHE POURQUOI »
Le requérant, Martin Banoon, de Montréal, soutient n’avoir vu qu’une fois la transaction finalisée, qu’il avait déboursé 141 $ de « frais de services » pour six nuits, lors de ses dernières vacances en Floride au début du mois. Ce montant exclut les « frais de ménage » servant à couvrir les dépenses supplémentaires qu’engagent les hôtes pour préparer leur logement, qui eux, sont indiqués dès le départ.
« J’avais déjà utilisé Airbnb, mais je n’avais pas porté attention. Cette fois, j’avais un budget de 199 $ par soir, mais à la fin, j’ai vu ma facture grimper de 141 $, sans que je sache pourquoi. », mentionne M. Banoon.
C’est l’avocat Joey Zukran de LPC avocats qui a pris en charge la demande en recours collectif. « Je n’en suis pas à mes premiers dossiers en matière de protection du consommateur, et ces frais de service sont sans doute la commission d’airbnb, sur chaque location », indique-t-il. « Il s’agit d’une compagnie qui n’est pas québécoise. Soit elle n’est pas au courant, parce que souvent, dans ce genre de cas, elles [les compagnies étrangères] changent leurs pratiques après un recours collectif », précise l’avocat.
DOMMAGES PUNITIFS ET COMPENSATOIRES
Chaque client touché pourrait ainsi recevoir le montant total des frais de service payés depuis le 22 août 2014 à titre de dommages compensatoires. L’avocat réclame également un montant de 100 $ à titre de dommages punitifs pour chaque utilisateur « floué ». Ces montants doivent toutefois être entérinés par le juge.
Sur le site d’airbnb, il est possible d’obtenir quelques détails sur les « frais de service ». « Ces frais participent au fonctionnement de notre plate-forme et nous permettent d’offrir des services comme l’assistance 24 h/24 pendant votre voyage », peut-on lire.
La porte-parole d’airbnb pour le Québec, Lindsey Scully, a refusé de commenter, « puisque la question chemine dans un processus judiciaire ».