Les Américains exigent 70 % de contenu local
LA POCATIÈRE | Pendant que les États-unis font grimper à 70 % la part de leurs projets majeurs d’infrastructure devant être réalisés par des entreprises américaines, le Québec fait exactement l’inverse.
L’agence métropolitaine de transport (AMT) a réduit son quota canadien de 25 % à 15 % récemment, et celui du train de la Caisse sera de... zéro.
La terre a tremblé à La Pocatière quand la Caisse de dépôt et placement a annoncé que le Réseau électrique métropolitain (REM) pourrait être réalisé en totalité par des entreprises étrangères.
Car c’est une bonne partie de l’économie de la région qui pourrait y passer. Ici, 1 travailleur sur 10 est chez Bombardier ou ses fournisseurs.
Bombardier est dans la course pour construire le REM. Mais le contrat pourrait lui échapper, encore, si des entreprises de Chine ou d’ailleurs offrent un produit semblable à moindre coût.
REVERS HUMILIANT
C’est ce qui est arrivé en mai avec L’AMT, qui a commandé 24 nouvelles voitures de train à la China Railway Rolling Stock Corp. (CRRC) plutôt qu’à Bombardier, après avoir réduit à seulement 15 % le contenu canadien requis.
Bombardier avait pourtant construit les voitures de train précédentes et remporté un premier appel d’offres. Plusieurs employés ont été mis à pied. Le scénario pourrait se reproduire avec le REM.
« C’est sûr qu’il va y avoir des effets. Des pertes d’emploi, du chômage. C’est toute la vitalité économique qui est en jeu! » s’exclame Luc Forgues, de la Chambre de commerce de Kamouraska-l’islet.
L’EXEMPLE DU JAPON
Créateur de l’habillage extérieur du nouveau métro, Bruno Morin, de Graphie 222, est lui aussi furieux. « Au Japon, tous les contrats d’infrastructure vont à des entreprises japonaises. Ils s’en servent pour développer leurs technologies, leur marché intérieur. Nous autres, on est tellement gentils qu’on laisse les autres venir pour une question de quelques millions. On a la capacité de le faire, le travail. »
Les retombées économiques d’un tel contrat se chiffrent en milliards, rappelle-t-il.
CDPQ Infra n’a pas l’intention de changer d’avis. Il faut « favoriser une concurrence maximale » et obtenir le « meilleur prix », dit le porte-parole du REM, Jean-vincent Lacroix.
« Il n’en demeure pas moins qu’à la suite de l’appel de qualification, chaque consortium inclut des entreprises ou des filiales québécoises ou canadiennes. Des entreprises d’ici feront partie du consortium gagnant. »
Des entreprises étrangères emploient donc le même stratagème que Bombardier, qui s’est installée à Plattsburgh pour remporter certains contrats «Buy American».
sortie de l’école de soudure, un ne sera pas retenu, en moyenne.
FORTE PRESSION
« Il y a une différence entre souder une barrière chez toi à la maison et souder pour Bombardier ou le chantier de la Davie », expose François Dussault.
Les candidats retenus doivent être dotés d’une très grande autonomie et être capables de déchiffrer des plans complexes.
« Nos produits sont faits pour durer des décennies et nos positions de sou- dage ne sont pas toujours simples. Ce n’est pas pour tout le monde», observe le patron de l’usine.
Tout le personnel pour le métro de Montréal a été trouvé, mais Bombardier continue de chercher des soudeurs, des techniciens et des ingénieurs mécaniques pour d’autres contrats.
Face à la pénurie de personnel, l’entreprise ratisse large, de Gatineau à Rimouski, parfois plus loin encore.
Un soudeur gagne de 21,30 $ à 27,10$ l’heure, selon l’expérience.