« Son héritage me sert tous les jours »
-Michel Laplante, qui a survécu à l’écrasement
Même si lundi prochain marquera le premier anniversaire du tragique accident qui a coûté la vie à ses deux amis Bob Bissonnette et Frédéric Decoste, le président des Capitales de Québec, Michel Laplante, ne broie pas du noir. Serein, il souhaite qu’on se souvienne d’abord et avant tout de l’héritage laissé par les deux hommes.
Hier, installé dans les gradins du Stade Canac, il s’est livré, sans filtre, pendant plus d’une demi-heure sur cette dernière année qui a permis au temps de réparer, petit à petit, certaines blessures.
Une année au cours de laquelle plusieurs personnes l’ont abordé afin de lui raconter une anecdote concernant Bob Bissonnette.
« Beaucoup de gens éprouvent un malaise à me parler de ça et ils ne devraient pas, car ça me fait plaisir de le faire. Je ne suis pas plus mal en point parce que j’étais présent. La seule différence, c’est que, de mon côté, les lumières se sont rallumées après six, sept ou huit secondes. Je n’ai pas de vision où je vois Bob et Fred souffrir. Quand les gens viennent me voir avec une anecdote à me raconter sur Bob, je la savoure autant qu’eux et je veux qu’ils continuent de le faire », a-t-il mentionné, ajoutant avoir l’assurance, après avoir côtoyé la mort de si près, que ses deux amis sont partis sans douleur.
AVEC ÉMOTION
Lundi, il vivra ce premier anniversaire avec émotion. Il souhaite que les gens profitent de cette journée pour honorer la mémoire des deux disparus, pas pour qu’on le prenne en pitié.
« Il y a des gens tout au long de la dernière année qui ont aussi perdu des proches. Je n’ai pas vécu trois mois en Irak sous les bombardements. Ce n’est pas une lourdeur dans ma tête et je ne me réveille pas en pleine nuit avec un cauchemar. Si vous m’en parlez, je ne passerai pas le reste de la soirée à fixer le vide, perturbé », assure-t-il.
DES SOUVENIRS IMPÉRISSABLES
Le temps fait bien les choses, souligne-t-il par la suite. Au fil des derniers mois, il a appris à retirer le positif de ce week-end au Nouveau-brunswick en compagnie de ses deux potes, et ce, malgré la fin tragique.
« Ç’a été une fin de semaine exceptionnelle. Il n’y a pas de mort parfaite, mais où on était dans cette fin de semaine, c’était la totale. On ne faisait que rire. Bob et moi, on s’obstinait toujours, mais là, on n’avait même pas trouvé de sujets pour le faire ! Avec tous les témoignages que je reçois sur lui depuis un an, je ne suis qu’heureux d’avoir pu passer plusieurs heures avec lui. C’est comme ça que je le vois depuis quelques mois », affirme-t-il.
Michel Laplante l’avoue, d’ailleurs, il aurait aimé que Bob Bissonnette soit à ses côtés pour vivre cette année un peu folle avec les Capitales, notamment avec l’implantation d’un terrain synthétique au Stade Canac et l’installation sous peu d’un dôme. Malgré tout, il assure que Bissonnette a laissé une marque indélébile sur l’organisation.
« Bob m’a enseigné à ne pas avoir peur de défoncer des portes. Souvent, dans nos brainstorms avec les Capitales, on se demande ce qu’il aurait fait. C’est tout un héritage parce qu’il en est passé du monde chez nous au fil des ans. »
Et ce legs, Laplante ne veut pas qu’il meure.
« Si les gens me parlent moins de l’accident dans la prochaine année, c’est correct. Par contre, il ne faudra pas me parler moins de Bob Bissonnette parce que son héritage, je m’en sers tous les jours. »