Pas d’escouade contre les crimes haineux à Québec
Même si le nombre de crimes haineux a plus que doublé à Québec au cours des deux dernières années, le maire Régis Labeaume ferme la porte à la création d’une escouade spécialisée contre ce type de crimes.
Selon le maire, le Service de police de la Ville de Québec (SPVQ) a l’expertise nécessaire pour traiter les crimes haineux, qui ont augmenté de façon considérable à Québec depuis 2015.
« Dites-vous bien que la police de Québec est en relation avec la GRC, est en relation avec la SQ et, comme ces corps policiers là sont en relation avec d’autres corps policiers dans le monde qui ont vécu ça, c’est peut-être ce que vous ne savez pas », a laissé savoir M. Labeaume, hier.
« L’expertise est là. Ils [les policiers de Québec] savent quoi faire, ils savent où ils s’en vont et ils ont tout ce qu’il faut entre les mains pour le faire », a-t-il ajouté.
EN AUGMENTATION
Le SPVQ rapporte en effet 25 crimes haineux commis en 2015. Un chiffre qui a bondi à 58, l’an dernier. Par ailleurs, une tête de porc a été déposée devant la Grande Mosquée de Québec en juin, puis un Coran déchiré le mois suivant. Au début du mois d’août, la voiture du président du Centre culturel islamique de Québec a été incendiée et des excréments ont été retrouvés aux abords du lieu de culte.
Malgré cette hausse de crimes haineux, aucune formation supplémentaire n’est prévue en ce sens pour les policiers de Québec. « Tout ce qui est crimes haineux, ce sont les enquêteurs du module des crimes majeurs qui s’en chargent, donc on peut constater l’importance qu’on accorde à ce type d’incidents », affirme le porte-parole Étienne Doyon.
« LA SOLUTION PASSE PAR L’ÉDUCATION »
Déplorant la « situation inquiétante » à Québec, l’association des musulmans et des Arabes pour la laïcité au Québec croit que des cours obligatoires expliquant notamment ce que signifient racisme et islamophobie devraient être donnés à tous les élèves du secondaire afin de contrer « la montée du racisme » au Québec.
« Il est important de savoir comment ça [le racisme] se construit et, surtout, comment ça se combat pour que les gens puissent faire partie de la solution », affirme Haroun Bouazzi, coprésident de l’association et membre du comité-conseil derrière les consultations publiques sur la discrimination et le racisme, prévues cet automne.
« Il y a plein de gens à Québec qui sont traumatisés par la situation, qu’ils soient musulmans ou pas, ils ont tous envie d’aider et, malheureusement, on ne leur donne pas les outils sociaux et intellectuels pour le faire », ajoute-t-il.