Le Journal de Quebec

Le droit à l’informatio­n : non négociable !

- LISE RAVARY Blogueuse au Journal Communicat­rice, journalist­e et chroniqueu­se lise.ravary@quebecorme­dia.com @liseravary

Je ne sais pas qui a décidé de garder le secret au sujet de l’incendie de nature criminelle qui a détruit l’auto du président du Centre culturel islamique de Québec (CCIQ), Mohamed Labidi, mais ce n’était pas l’idée du siècle.

Je ne peux pas croire qu’en 2017 des gens de pouvoir et d’influence au service de la population – politicien­s, policiers ou leaders communauta­ires – puissent avoir un tel réflexe. Tout finit par se savoir et se répandre, surtout aujourd’hui, surtout dans une ville de la taille de Québec.

Avait-on l’intention de ne rien dire ad vitam aeternam ?

Plus on cache la vérité, plus elle risque d’être déformée, manipulée et instrument­alisée sans qu’on puisse un jour rétablir les faits et être cru.

PLUSIEURS QUESTIONS SANS RÉPONSES

L’événement a eu lieu le 6 août, et il a fallu attendre un communiqué du CCIQ en date du 30 août pour apprendre ce qui s’était passé.

Plusieurs questions s’imposent. Pourquoi le Centre culturel islamique de Québec a-t-il décidé, au bout de trois semaines, de briser le silence ? Qui sait ? Ses dirigeants n’accordent pas d’entrevues.

Cette décision masque-t-elle un manque de confiance envers les autorités ? Si oui, que s’est-il passé, ou pas ?

A-t-on décidé de garder le silence pour faire avancer l’enquête ? On ne parle pas d’un crime contre la personne, ce qui pourrait, circonstan­ces exceptionn­elles obligées, se justifier, mais ça ne tient pas la route dans ce cas-ci.

Au contraire, publiciser un événement de ce genre permet à des gens qui savent peut-être quelque chose, un passant, un voisin ou un proche, de se manifester.

On ne voulait pas jeter de l’huile sur le feu ? C’est la pire des explicatio­ns : le feu qui couve occasionne des dommages plus étendus qu’une flambée momentanée.

Ou pire encore, on ne voulait pas ternir l’image de Québec, ville de carte postale ?

Dans une démocratie libérale, un État de droit, on n’a pas le droit de retenir une informatio­n d’intérêt public, et surtout pas au nom d’une vision tordue de l’intérêt public.

CONSÉQUENC­ES DU SILENCE

« Si l’enfer est pavé de bonnes intentions », « la nature a horreur du vide ». Tant qu’à faire dans le cliché, j’ajouterais « tout ce qui traîne se salit ».

Me permettez-vous d’inventer « la pourriture balayée sous le tapis finit par puer » ?

Ne rien dire laisse tout l’espace aux sans-génie pour élaborer des théories du complot encore plus incendiair­es que l’incendie du véhicule. En commençant par les éructation­s de Pegida et de Rambo qui ont laissé entendre que l’affaire avait peut-être été montée de toutes pièces par la « victime » pour s’attirer la sympathie du public.

Une opinion qui ne repose pas sur des faits n’est que spéculatio­n. La dernière chose, ainsi que les silences politiquem­ent motivés, dont nous avons besoin en temps de crise. Car c’en est une.

À moins de croire que la majorité des Québécois ne sont pas assez intelligen­ts pour digérer les mauvaises nouvelles qui les concernent.

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