Plus de bâtons dans les roues
Les changements que prépare le fédéral inquiètent les dirigeants d’entreprise
La réforme sur la fiscalité des PME que prépare le gouvernement fédéral inquiète les dirigeants d’entreprise. Dans le cas des Plastiques Cy-bo de Laval, on a mis en place une fiducie familiale dans le but de s’en servir comme levier de financement pour des projets de développement.
Plus de 35 associations d’entreprises ont rompu le silence, hier, pour marquer leur opposition à la réforme que le gouvernement fédéral compte apporter à la fiscalité des PME.
Ces mesures, qui touchent la répartition du revenu, les placements passifs et la conversion d’un revenu en gains en capital, risquent de limiter certaines stratégies de planification fiscale, dénonce la Coalition pour l’équité fiscale envers les PME. Des fiscalistes, comme Éric Chaput de la firme Mallette, estiment que le gouvernement rate sa cible et que les dommages collatéraux risquent de faire du tort aux PME.
Les propriétaires de Plastiques Cy-bo, spécialisée dans la fabrication de réservoirs en plastique et de systèmes de dépollution, ont choisi de mettre en place une fiducie familiale pour faciliter les flux de trésorerie.
« À L’ABRI »
« Cela nous permet d’éviter de garder des liquidités à l’intérieur de la compagnie. Au lieu que ce soit la banque qui en profite, on fait migrer les liquidités excédentaires vers des sociétés de gestion. Cela met l’argent à l’abri en cas de problèmes », indique Stéphane Lavoie, coprésident.
« Au moment où nous avons besoin d’argent pour financer des projets, on peut faire migrer l’argent vers la société mère. C’est nous qui nous finançons, au lieu d’avoir toujours recours aux banques qui en veulent toujours plus. C’est sans compter que c’est toujours compliqué avec les banques. Ça prend une multitude de papiers. Cela n’en finit plus », a-t-il poursuivi.
Au cours des dernières années, l’entreprise a investi près d’un million de dollars dans l’usine pour améliorer ses procédés de production et créer des emplois au Québec.
« La fiducie, c’est venu après avoir connu des problèmes pour avoir du financement. Quand on a besoin d’eux, il n’y a plus personne qui répond au téléphone. C’est indéniable que cela permet une économie d’impôt, mais c’est avec cette économie que nous pouvons réinvestir dans l’entreprise », ne cache-t-il pas.
« Je ne suis pas en total désaccord avec ce que le gouvernement veut faire pour ceux qui abusent du système, mais ce n’est pas tout le monde qui fait cela. Nous, ça nous a permis de grandir. »
Les plans de développement pour le Canada et les États-unis pourraient être freinés par les changements envisagés par le ministre Morneau, ajoute-t-il.
DIFFÉRENTS DOMAINES
Pour la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI), les mesures risquent de toucher un grand nombre d’entreprises oeuvrant dans différents domaines.
« Le régime instauré il y a quelques décennies avait pour but de favoriser l’entrepreneuriat. On vient tout défaire cette logique-là. Cela risque de décourager du monde de se lancer en affaires », a exprimé Martine Hébert, vice-présidente de la FCEI.