«TUERUNEMOUCHE AVECUNFUSIL DECHASSE»
Trois questions à Éric Chaput, associé, directeur de la fiscalité pour la firme Mallette.
Alors que les consultations sur la réforme de la fiscalité des PME sont en cours, sentez-vous une préoccupation chez les propriétaires d’entreprise ? « C’est sûr que oui. Cela aura un impact majeur. C’est la plus grande réforme fiscale des 45 dernières années. C’est clair que beaucoup de monde se pose des questions actuellement. C’est justifié que le ministre fasse certains changements sur le plan fiscal, mais là, c’est comme s’il voulait tuer une mouche avec un fusil de chasse et cela va faire beaucoup de dommages. »
Croyez-vous que le ministre s’attaque aux bonnes cibles ? « Ce qui peut être dérangeant pour certains, c’est que le bénéfice de certaines sociétés puisse être fractionné entre membres d’une unité familiale, alors que l’activité économique de la société se résume au travail d’une seule personne. Ce phénomène est connu depuis longtemps, mais s’est accentué avec la possibilité pour les professionnels de s’incorporer depuis le début des années 2000. La communauté fiscale pensait que le ministre s’attaquerait à ces entreprises en resserrant les règles existantes. Or, le ministre des Finances s’est attaqué à toutes les entreprises privées sans distinction. »
La mesure visant à imposer davantage les revenus passifs ne risque-t-elle pas de faire plus de mal que de bien ? « Tout à fait, et ironiquement, c’est aussi aux coffres de l’état que ça fera mal. Le trésor touchera de l’impôt immédiatement, mais beaucoup moins que les années subséquentes. Nous serons collectivement perdants. »