Nouveau code du travail en France
Salué par le patronat, il est toutefois loin de faire l’unanimité
AFP | Le gouvernement français a dévoilé hier sa réforme « ambitieuse » du droit du travail, premier test de la « rénovation du modèle social » promise par le président centriste Emmanuel Macron, d’ores et déjà saluée par le patronat.
Ce grand chantier, avant la refonte prévue de l’assurance chômage, des retraites et de la fiscalité, vise à « rattraper les années perdues » et à mettre un terme à des « décennies de chômage de masse », a affirmé le premier ministre Édouard Philippe.
L’exécutif a opté pour la procédure accélérée des ordonnances qui lui permet de décider du contenu de la réforme, sans passer par un débat parlementaire.
Plafonnement des indemnités en cas de contentieux, réduction des délais de recours des salariés, possibilité de négocier sans syndicat en dessous de 50 salariés : les ordonnances font la part belle aux petites et moyennes entreprises qui représentent près de la moitié des salariés en France.
« CHANGER L’ÉTAT D’ESPRIT »
Le président de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME), François Asselin, a loué des mesures « particulièrement pragmatiques », tandis que Pierre Gattaz, président du Medef, une puissante organisation patronale, saluait « une première étape importante » pour « conforter la confiance des chefs d’entreprise ».
Les syndicats sont moins enthousiastes, même s’il leur faut encore décortiquer dans les détails les cinq ordonnances réunissant 36 mesures sur 159 pages.
« Toutes nos craintes sont confirmées [...] c’est la fin du contrat de travail », a déclaré Philippe Martinez pour la CGT, un des principaux syndicats français qui a prévu une journée d’action, le 12 septembre. Même amertume au sein du syndicat des cadres CFE-CGC, qui redoute « probablement une précarisation plus importante des salariés ».
DÉCEPTION
Se félicitant d’avoir obtenu gain de cause « sur plusieurs points », le leader du syndicat CFDT, Laurent Berger, a exprimé sa « profonde déception », sans toutefois appeler à manifester contre la réforme. Le syndicat FO fait montre de prudence, mais pointe les « désaccords qui persistent » sans, non plus, vouloir les régler dans la rue.
Côté politique, la France insoumise (gauche radicale) a dénoncé une « régression » et invité les mécontents à rejoindre la CGT dans la rue, le 12 septembre, avant de « déferler » à son appel sur Paris, le 23 septembre.
Le Parti socialiste a dit ne pas pouvoir soutenir le « déséquilibre dans la relation entre les employeurs et les salariés » sur lequel les ordonnances reposent, dénonçant notamment le plafonnement des indemnités.
L’extrême droite a fustigé une « escroquerie intellectuelle » et une précarisation accrue, « application servile de l’orthodoxie bruxelloise », la droite regrettant le manque de souffle de la réforme, mais reconnaissant « des avancées de bon sens ».
Seuls les centristes du Modem ont applaudi « un texte équilibré », « des avancées fortes et significatives ».
L’objectif du président Macron est de donner plus de flexibilité aux entreprises et de les encourager ainsi à embaucher, alors que le chômage reste massif. Il touche 9,5 % de la population active, frappant durement les jeunes.