Le Journal de Quebec

SHAPOVALOV PAS UN COUP DE CHANCE

NEW YORK | C’était vraiment serré dans le troisième set contre Jo-wilfried Tsonga. Le match pouvait encore basculer et Tsonga brûlait toutes ses cartouches pour aller décrocher un quatrième set et peut-être briser enfin les certitudes du gamin devant lui.

- RÉJEAN TREMBLAY rejean.tremblay@ quebecorme­dia.com

Dans l’immense stade, tout était bruyant. Comme amplifié. ArthurAshe, c’est 2000 personnes de plus qu’au Centre Bell. Et à New York, quand 1000 dames et messieurs s’assoient en même temps en tenant leurs bacs à nachos et leur gros Diet Pepsi dans leurs mains, c’est bruyant 1000 sièges qu’on rabaisse avec le cul parce que les mains sont remplies de saine nourriture.

Denis Shapovalov racontait au début de la nuit devant une poignée de journalist­es que ce bruit et ces murmures ne le dérangeaie­nt pas « Même que, dans le troisième set, quand c’était dangereux, une couple de gars qui avaient trop bu derrière moi me parlaient comme si on était de bons copains. J’ai échappé un revers à 40-15 et ils ont lâché une grosse plainte. Je leur ai dit… ne vous inquiétez pas, man… ça va… je suis en contrôle ».

Imaginez, proche de minuit, à ESPN, devant 23 000 personnes sur le Ashe et on entend une couple de gars qui commencent à être soûls…

JOUER AVEC LES GRANDS

Le gamin est incroyable. Il est bâti solide même s’il n’a pas encore toute sa masse musculaire d’homme adulte. Il a de bonnes jambes qui lui permettent de bondir sur les balles. Rappelez-vous comment Milos Raonic a eu besoin de temps avant d’avoir des vraies jambes de tennis.

Shapovalov est également mature pour un gars de 18 ans. En conférence de presse, il était calme et pondéré. Surprenant. Il se trouvait quand même au US Open avec des vétérans du métier qui ont vu arriver devant eux Jimmy Connors, John Mcenroe et tous les autres.

Il a répondu avec courtoisie et intelligen­ce aux questions. Très sérieux, se permettant peut-être un léger sourire dans tout l’exercice. Il est conscient que plusieurs se disent qu’il pourrait être un feu de paille comme on en a tant vu au fil des ans : « Pour moi, cette victoire est importante. D’abord, parce qu’elle montre que je suis digne de jouer avec ces gros noms, dans les mêmes stades qu’eux. Et aussi que Montréal n’était pas juste un coup de chance. Je suis extrêmemen­t fier de cette victoire, mais elle ne fut pas facile parce qu’elle suivait des matchs en qualificat­ions qui fatiguent un joueur », a-t-il dit.

UN GRAND ADO

Eugène Lapierre, le grand patron de la Coupe Rogers et manitou du tennis au pays, était dans le stade pour la victoire de Shapovalov. Eugène n’est pas toujours très démonstrat­if, mais on sent l’affection qu’il éprouve pour le garçon de 18 ans : « C’est un ado. Mais en même temps, il est mature. Il a du fun à jouer et s’amuse avec Félix (Auger-aliassime). Mais il sait qu’il est bon et il a confiance en lui. Quand il frappe la balle à 100 milles à l’heure direct sur le coin du court, il n’a pas besoin de personne pour lui rappeler que c’est un bon coup.

“Écoute, Jo-wilfried Tsonga, c’est un très bon joueur. Un vétéran. Il a tout fait pour déstabilis­er Shapovalov et il n’a jamais pu y arriver. Le jeune sautait sur les balles et dictait le jeu”, d’ajouter Lapierre.

Les caméras D’ESPN se sont longuement attardées sur le visage

de Martin Laurendeau. Et l’analyste Brad Gilbert, qui a joué à la même époque que Laurendeau et si ma mémoire est bonne l’a déjà affronté à Philadelph­ie, lui a rendu un bel hommage à deux reprises : “Marty Loreeeende­auuu joue certaineme­nt un grand rôle dans la préparatio­n mentale du jeune”, a-t-il souligné en rappelant que Laurendeau avait toujours fait preuve de maturité quand il était joueur.

HEURE DE GRANDE ÉCOUTE

À la fin du match, les commentate­urs ont salué une nouvelle supernova dans le tennis. Et à quel point on avait été heureux de le présenter à toute l’amérique en prime time. Faut vous dire que les bonzes de L’US Open et de ESPN ont longuement soupesé la décision. Tsonga est un Français et Shapovalov est un Canadien. Sont tellement chauvins que c’était surprenant comme décision.

Mais tout a bien tourné. D’abord, le jeune est spectacula­ire. Il est sympathiqu­e, il est athlétique et, surtout, il est beau. Avec sa casquette à l’envers et ses longs cheveux blonds, il a fait triper une bonne partie de l’amérique qui est venue jeter un coup d’oeil au réseau pendant la soirée.

On ne peut pas sous-estimer l’importance de la beauté dans le sport. Regardez comment la popularité d’eugenie Bouchard perdure malgré ses défaites lamentable­s…

Ça se poursuit donc pour le petit…

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Après avoir charmé l’amérique lors de la Coupe Rogers à Montréal, voilà que Denis Shapovalov est en train de séduire les Américains aux Internatio­naux des États-unis.

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