Le Journal de Quebec

L’oiseau rare apprivoisé

- STÉPHANE CADORETTE

KANSAS CITY | À ses premiers pas chez les Chiefs en 2014, Laurent Duvernay-tardif était déjà considéré comme un curieux oiseau rare. C’est toujours le cas après trois saisons, même si les médias locaux, amateurs et joueurs qui le côtoient se sont habitués au personnage. Au point où certains coéquipier­s ont même fait escale à Montréal pour tenter de mieux décoder cet esprit libre.

Pour s’intégrer pleinement à un vestiaire de la NFL, certains peuvent tenter de se fondre à cet environnem­ent unique façonné de personnali­tés éparses en faisant un accroc à leurs valeurs.

L’ancien des Redmen de Mcgill, lui, a choisi la route plus longue, soit de demeurer fidèle à ses conviction­s, quitte à ce que l’intégratio­n s’étire plus longuement. Aujourd’hui, il se sent totalement à sa place sans avoir changé sa personnali­té d’un iota, quand vient le moment de discuter avec ses confrères de travail des grands enjeux qui polarisent la société.

« Quelques joueurs de ligne sont venus à Montréal durant la saison morte et ce n’est pas anodin. Certains joueurs se posent des questions et se demandent d’où je viens pour penser si différemme­nt d’eux à propos de certains sujets.

« Je trouve ça flatteur. Je suis fier d’exporter le brand québécois. Quand je suis arrivé dans la NFL, je suis resté moi-même. Autant ça a pu me ralentir dans mon intégratio­n, autant aujourd’hui c’est ce qui fait ma personnali­té. Je rentre chez nous le soir et je suis toujours la même personne », se réjouit-il.

JEU INTENSE

Difficile cependant de gagner le respect des autres sans faire ses preuves sur le terrain. À cet effet, celui qui s’avérait au départ un drôle de moineau venu du Québec aux yeux de plusieurs a fait l’unanimité plus tôt que tard.

« Quand tu joues avec une mentalité intense, tu gagnes le respect de tes coéquipier­s et, peu importe qui tu es, tu fais partie de la gang.

« Chez certains, ça a pu prendre deux ans et demi pour qu’ils m’abordent en me disant que je suis leur “frère canadien”. Je suis encore celui qui a parfois des points de vue différents, mais aujourd’hui, les gars prennent la peine de m’écouter, qu’ils soient d’accord ou non. Plus ton image est différente de la moyenne, plus elle est longue à faire accepter, mais une fois que c’est fait, on t’apprécie encore plus », observe-t-il avec philosophi­e.

SUR LE TERRAIN

Maintenant qu’il se retrouve davantage sous la loupe à Kansas City en raison du contrat qu’il a en poche, Duvernay-tardif se dit plus que jamais conscient que la cote d’amour à son endroit sera directemen­t proportion­nelle à la qualité de son jeu.

« Si tu prends un rôle de leadership et que tu montres ta fierté d’être un Chief, tout le monde va croire en toi. Le public est accommodan­t, mais la saison n’a pas commencé… » nuance-t-il.

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PHOTO D’ARCHIVES, AFP Laurent Duvernay-tardif célébrant un touché avec le quart arrière Alex Smith (11).

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