Les initiations sous surveillance
La direction menace les associations étudiantes de sanctions en cas de dérapages
C’est jour de rentrée sur le campus de l’université Laval, où des milliers d’étudiants participeront cette semaine aux activités d’initiations organisées par les associations étudiantes, qui pourraient être sanctionnées en cas de dérapage, prévient l’administration universitaire.
Robert Beauregard, vice-recteur aux études et aux affaires étudiantes, tient d’abord à rappeler que les activités d’accueil se « passent très bien » dans 98 % des cas. « Ça joue un rôle très positif pour les étudiants », souligne-t-il.
FORMATION POUR 300 ÉTUDIANTS
Afin d’assurer le bon déroulement des initiations, environ 300 étudiants ont reçu juste avant la rentrée une formation sur les violences sexuelles et la consommation d’alcool afin de savoir comment intervenir lors de ces activités, une première.
Chaque année, près de 600 étudiants participent à l’organisation des initiations lors de la rentrée.
Mais la direction universitaire affirme aussi être prête à intervenir en cas de dérapages.
« S’il y a des comportements inacceptables qui se produisent, on est prêt à y faire face et il peut y avoir des sanctions », prévient M. Beauregard.
En cas d’incidents lors d’activités qui se déroulent à l’extérieur du campus, l’université Laval ne peut sanctionner des individus, mais pourrait plutôt sévir contre les associations étudiantes, responsables du bon déroulement des initiations.
« Il y a certaines mesures qu’on pourrait mettre en place, ça pourrait aller jusqu’à dire aux associations qu’elles pourraient perdre leur accréditation si ça se passe mal au cours des prochaines années », affirme André Darveau, vice-recteur à l’administration.
« Notre rôle en tant qu’université s’arrête ici, sur le campus, poursuit-il. Notre façon de fonctionner a été en prévention pour sensibiliser les étudiants, parce que ce sont les organisateurs qui sont responsables de ces activités-là. Et on leur a fait bien comprendre qu’il fallait qu’ils assument ce rôle et ses responsabilités pour faire en sorte que ça se déroule bien. »
« Nous sommes déterminés à devenir une référence dans les dossiers de sécurité, de harcèlement, de violence sexuelle. (Les agressions sexuelles de l’automne dernier) nous ont tous confrontés aux limites de nos pratiques. Ça nous a forcés à mettre notre leadership au service de l’amélioration de nos façons de faire. » — La rectrice de l’université Laval, Sophie D’amours
SOLUTION REMISE EN QUESTION
Du côté de la CADEUL, qui représente les étudiants du premier cycle, on affirme que les associations étudiantes sont de plus en plus sensibilisées à la violence sexuelle.
Son président, Samuel Rouette-fiset, n’est « pas contre » d’éventuelles sanctions en cas de dérapages, mais estime que la suspension de l’accréditation « n’est pas du tout une option ».
En plus d’empêcher les étudiants de « faire des partys », cette sanction priverait les étudiants « du droit d’être représentés sur les instances de l’université Laval pour des enjeux académiques », explique le président de la CADEUL.
Au cours des dernières années, des dérapages survenus lors d’initiations sur les campus québécois ont fait la manchette. Plus de 9000 étudiants participeront cette semaine aux différentes activités d’accueil et d’intégration organisées par une soixantaine d’associations étudiantes à l’université Laval.
Par ailleurs, le nombre d’étudiants inscrits à l’université Laval est en hausse de 1 % cette année.
La hausse est particulièrement marquée en formation continue et parmi les étudiants internationaux, qui représentent environ 12 % de la clientèle.