« ASSEZ, C’EST ASSEZ ! »
Les États-unis négocieront la semaine prochaine avec L’ONU de nouvelles sanctions contre la Corée du Nord
Une escalade des tensions pourrait se transformer rapidement en un conflit armé entre les États-unis et la Corée du Nord au moment où la planète entière est sur les dents après un puissant essai nucléaire.
« Assez, c’est assez, a lancé Nikki Haley, l’ambassadrice américaine à L’ONU. Un État voyou qui a l’arme nucléaire et des missiles balistiques intercontinentaux pointés vers nous, nous ne pouvons prendre des mesures pour abaisser notre garde. »
Le sixième essai nucléaire nord-coréen survenu dimanche, le plus puissant à ce jour, a soulevé l’inquiétude dans le monde. L’ambassadrice a affirmé lors de la réunion d’urgence du conseil de sécurité de L’ONU que Kim Jong-un « cherche la guerre » et que la patience des États-unis « n’est pas illimitée ».
« En faisant cet essai nucléaire, c’est comme si la Corée du Nord envoyait une gifle à tous les membres de la communau- té internationale qui lui ont demandé de s’arrêter », a-t-elle affirmé.
Les États-unis et plusieurs alliés ont donc demandé de nouvelles sanctions sévères de L’ONU à l’endroit la Corée du Nord lors d’une réunion d’urgence hier.
L’ambassadrice Haley a prononcé son discours quelques heures après que des informations ont commencé à circuler comme quoi le régime de Kim Jong-un semble se préparer à un nouveau tir de missile balistique dans les prochains jours, ce qui attiserait davantage les tensions.
La Corée du Sud a même fait des manoeuvres navales et d’autres impliquant des missiles balistiques afin de dissuader Pyongyang de toute autre provocation hier.
La bombe que Pyongyang a fait exploser dimanche avait une puissance estimée à 50 kilotonnes, soit cinq fois plus que le précédent test nord-coréen, et plus de trois fois plus que la bombe américaine lâchée sur Hiroshima en 1945, selon des responsables sud-coréens.
PAS TROP TARD
Selon des experts, la crise avec la Corée du Nord n’a pas encore atteint son apogée, mais il en manque peu avant qu’on se retrouve sur un pied de guerre.
« Il y a des risques réels que la situation dégénère [...], mais il n’est pas trop tard pour désamorcer les tensions, estime Jean-françois Bélanger, doctorant en science politique de l’université Mcgill. Mais il faut être clair, un conflit militaire avec les Nord-coréens, c’est un conflit nucléaire. Il n’y a aucun doute. »
« La possibilité de conflit armé est passablement élevée, mais je crois qu’on pourra l’éviter », soutient Benoit HardyChartrand, chercheur du Centre pour l’innovation de la gouvernance internationale.
Selon eux, une guerre deviendra encore plus probable si on assiste à une forte mobilisation de troupes dans la péninsule coréenne.
Le chercheur croit toutefois qu’on réussira à éviter une guerre, puisque la démonstration de force de la Corée du Nord et son avancée technologique ont un côté « très dissuasif ».
M. Bélanger, dont les recherches portent sur la prolifération nucléaire, croit que la solution repose sur une négociation « où on prend les Nord-coréens au sérieux ».
Benoit Hardy-chartrand abonde dans le même sens et affirme que « des négociations permettraient de faire temporairement baisser la tension » si les deux parties font des concessions réalistes.
« PLUS FORTES POSSIBLES »
Les nouvelles sanctions seront votées le 11 septembre prochain lors d’une rencontre du conseil de sécurité, a indiqué l’ambassadrice Haley. Cette dernière croit que L’ONU doit prendre « les mesures les plus fortes possible » et « cesser les demi-mesures », a-t-elle martelé.
Toutefois la position de Pékin et de Moscou, sur de futures sanctions, dotés d’un droit de veto, reste incertaine.
La crise avec la Corée du Nord « doit être résolue de manière pacifique », a déclaré hier l’ambassadeur de la Chine à L’ONU, Liu Jieyi.
« Grâce au dialogue, nous pouvons aboutir à une dénucléarisation de la péninsule coréenne », a-t-il assuré.