Malala dénonce le silence d’une autre Nobel de la paix
La Birmane Aung San Suu Kyi appelée à prendre la défense des Rohingyas
RANGOUN | (AFP) La jeune prix Nobel de la paix Malala Yousafzai a critiqué hier son homologue Aung San Suu Kyi pour sa gestion du drame de la minorité des musulmans rohingyas en Birmanie, prenant la tête des protestations internationales.
« Chaque fois que je regarde les informations, j’ai le coeur brisé face aux souffrances des musulmans rohingyas de Birmanie », écrit la jeune Pakistanaise sur son compte Twitter, suivi par près de 850 000 personnes.
« Ces dernières années, je n’ai cessé de condamner le traitement honteux dont ils font l’objet. J’attends toujours de ma collègue la prix Nobel Aung San Suu Kyi qu’elle en fasse de même », dit la jeune femme qui s’apprête à devenir étudiante à Oxford, comme son homologue birmane quelques dizaines d’années plus tôt.
Alors que les rebelles de l’arakan Rohingya Salvation Army (ARSA) assurent défendre les droits bafoués des Rohingyas, Aung San Suu Kyi est silencieuse, malgré un bilan d’au moins 400 morts.
Seul son service de presse distille depuis 10 jours des photos de membres des forces de l’ordre tués à l’arme blanche et des commentaires acerbes contre les médias internationaux, accusés de ne pas désigner systématiquement les attaquants rohin- gyas comme des « terroristes ». Hier, Aung San Suu Kyi a rencontré la chef de la diplomatie indonésienne, Retno Marsudi, envoyée pour tenter de faire pression sur la Birmanie.
COLÈRE
« La violence et cette crise humanitaire doivent cesser », avait lancé dimanche soir le président indonésien Joko Widodo, en annonçant cette mission diplomatique. Dimanche, quelques heures avant cette déclaration, un cocktail Molotov a été jeté sur l’ambassade de Birmanie à Jakarta, sans faire de blessés.