Les délégués plus radicaux que Lisée
Réunis à Montréal, ces militants péquistes veulent durcir le programme du parti en matière de langue
MONTRÉAL | Affichage unilingue en français, application de la loi 101 dans les CPE, francisation des entreprises : les délégués du Parti québécois veulent durcir le programme en matière de langue.
Réunis en atelier hier soir, les délégués ont adopté des amendements importants à la proposition principale de l’exécutif national, qui doit constituer le nouveau programme du parti.
Si elles sont adoptées par le congrès du PQ demain, ces propositions iront beaucoup plus loin que celles présentées l’hiver dernier par le chef péquiste, Jean-françois Lisée.
LOI 101 DANS LES CPE
Tout d’abord, la centaine de militants a choisi de revenir aux dispositions initiales de la loi 101 en imposant l’affichage unilingue en français à l’intérieur et à l’extérieur des commerces.
De plus, les délégués ont voté pour l’imposition de la loi 101 dans les CPE et garderies privées subventionnées anglophones, afin d’interdire aux enfants francophones et allophones de s’y inscrire.
Un intervenant en faveur de la mesure, Michel Leduc, est venu affirmer que la proposition vise principalement les garderies privées. « C’est là que l’anglicisation se passe », estime-t-il.
Finalement, les délégués ont choisi d’obliger les entreprises de dix employés et plus à obtenir un certificat de francisation, alors que Jean-françois Lisée voulait abaisser ce seuil aux entreprises de 25 employés et plus. Présentement, seules les entreprises de 50 employés et plus y sont assujetties.
Ces propositions amendées seront soumises en plénière à l’ensemble des délégués demain. Ceux-ci devront voter pour accepter ou rejeter les propositions amendées, sans possibilité de les modifier à nouveau.
MAKA KOTTO TEMPÈRE
Tout au long des délibérations, le député de Bourget, Maka Kotto, s’est présenté au micro pour tenter de calmer les ardeurs des militants. Il a notamment mis les délégués en garde sur l’imposition de l’affichage unilingue français dans les commerces. « Il y a lieu de considérer l’impact au niveau de la perception de qui nous sommes », a-t-il plaidé au micro « contre ».
Même Marc Laviolette, ardent défenseur de la langue française, a minimisé l’impact des amendements peu après l’atelier. « Je pense que ça ne passera pas en plénière », a-t-il prédit.
La proposition de réduire graduellement le financement des cégeps anglophones, qui a fait grand bruit cette semaine, sera étudiée aujourd’hui en atelier.
« LA PROPOSITION QUI VA ÊTRE DÉBATTUE [AUJOURD’HUI] DIT QUE, GRADUELLEMENT, LES CÉGEPS ANGLOPHONES VONT AVOIR MOINS D’ÉTUDIANTS. POURQUOI ? PARCE QU’ON VA ENFIN OFFRIR DANS LES CÉGEPS UN VRAI PARCOURS POUR APPRENDRE L’ANGLAIS CORRECTEMENT. »
— Jean-françois Lisée, chef du PQ