Le pape exige vérité et justice en Colombie
François rencontre des victimes de la guerre civile
VILLAVICENCIO | (AFP) Le pape a exigé hier « vérité » et « justice » pour les victimes du conflit en Colombie, après avoir estimé que, sans réconciliation, la paix encore fragile sera vouée à l’échec dans ce pays meurtri par une guerre de plus d’un demi-siècle.
« Il est indispensable d’assumer la vérité », a déclaré François lors d’une prière de réconciliation à Villavicencio, où il a rencontré victimes et acteurs du conflit, en point d’orgue de sa première visite pontificale en Colombie, entamée mercredi à Bogota.
Le souverain pontife, plusieurs fois applaudi, a écouté les témoignages de femmes et d’hommes comme Pastora Mira Garcia, dont le père et le mari ont été tués et la fille séquestrée puis disparue dans cette guerre, et Juan Carlos Murcia, recruté par la guérilla des FARC à l’âge de 16 ans et dont une main a été emportée par un explosif.
MESSE EN PLEIN AIR
« La vérité est une compagne indissociable de la justice et de la miséricorde. Ensemble, elles sont essentielles pour construire la paix », leur a assuré François, 80 ans, troisième pape à se rendre en Colombie, après Paul VI en 1968 et Jean Paul II en 1986.
« Tout effort de paix sans un engagement sincère de réconciliation sera toujours voué à l’échec », avait-il auparavant décla- ré durant une messe célébrée en plein air, devant des centaines de milliers de personnes.
« La réconciliation (...) se concrétise et se consolide par l’apport de tous, elle permet de construire l’avenir et fait grandir l’espérance », a-t-il estimé dans cette région du centre de la Colombie, ravagée par la plus longue guerre du continent et qu’aucun pape n’avait jamais visitée.
ÉTAPE CRUCIALE
La Colombie vit une étape cruciale de son histoire après la signature en novembre d’un accord de paix avec les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), la principale guérilla des Amériques, reconvertie la semaine dernière en parti politique légal.
Le premier cessez-le-feu bilatéral de l’histoire avec l’armée de libération nationale (ELN), dernière rébellion active, a en outre été conclu lundi, deux jours avant l’arrivée de François.
L’accord avec les FARC prévoit une justice spéciale pour les acteurs du conflit, avec des peines alternatives à la prison s’ils disent la vérité sur leurs crimes, dédommagent leurs victimes et s’engagent à ne plus recourir à la violence.
Dans une lettre ouverte au pape, le chef des FARC, Rodrigo Londoño, lui a demandé « son pardon pour toute larme ou douleur que nous avons causée au peuple de Colombie ».