Le Journal de Quebec

Ces cordons qui se coupent

- Maxim Martin maxim.martin@quebecorme­dia.com

Cette période de l’année est de retour, celle où cet horrible bruit de cordon qui se coupe se fait entendre dans la tête de bien des parents. Que ce soit la première journée à la garderie ou le départ vers le cégep, le début du mois de septembre résonne avec nouvelle indépendan­ce pour nos enfants et triste rupture pour nous.

C’est difficile de les voir partir, le sourire aux lèvres, vers une nouvelle vie. On les trouve presque ingrats de ne pas ressentir notre peine. On oublie que l’on a fait subir la même chose à nos parents.

Cet automne, j’ai l’impression de vivre une double rupture de cordon. Ma fille Livia entame sa dernière année de secondaire et, cette semaine, on a célébré ensemble la première de notre nouvelle série, Max et Livia, à VRAK. Oui, ça me fait encore drôle de réaliser que Maxim Martin est à VRAK. Il y a quelques années, ça aurait été un signe de l’apocalypse, mais aujourd’hui, ça l’air que je suis devenu un bon petit gars.

ELLE PREND SON ENVOL

Inquiétez-vous pas, mon but n’est pas de me servir de cette chronique pour faire de l’autopromot­ion. Mais je dois partager quelque chose avec vous. Dans toutes les entrevues que j’ai données au sujet de l’émission, une question revenait : « Tu n’as pas peur que ta fille te vole la vedette ? » Malgré le fait que c’était dit sur le ton de l’humour, chaque fois que l’on me la posait, la première chose qui me venait en tête, c’était : « J’espère bien que oui ! »

En fin de compte, ce n’est pas un peu ça, notre mission de parent, de s’assurer que nos enfants nous dépassent, qu’ils aillent encore plus loin dans la vie que nous ? Ce qui me frappe le plus, c’est que je suis témoin de l’envol de ma fille et, malgré tout le positif de la situation, la nervosité est présente. Je connais bien le métier, je sais très bien ce qui l’attend.

Aujourd’hui, je pense à tous ces parents qui ont vu leur progénitur­e faire ses boîtes cet automne et quitter le nid familial. Ça déchire et ça inquiète.

Lorsqu’ils sont au primaire ou au secondaire, tu les vois tranquille­ment devenir indépendan­ts, mais c’est encore toi le boss, c’est encore toi la figure d’autorité. Une fois les boîtes faites, une fois les adieux avec les yeux mouillés terminés, tu deviens spectateur de leur vie… c’est maintenant eux le boss.

Tu te croises les doigts pour que tout aille bien, tu espères qu’ils mettent en pratique tout ce que tu leur as inculqué, tout en sachant que ce n’est pas comme ça que ça fonctionne. L’école de la vie, la vraie école, c’est ce qui les attend. Bien sûr, on est là pour les conseiller, bien conscients qu’ils ne nous écouteront pas toujours. Comment on le sait ? Parce qu’on a fait la même chose à leur âge.

L’EXAMEN LE PLUS IMPORTANT

J’ai toujours dit qu’être un parent, c’est comme passer un examen pendant 18 ans et attendre le reste de tes jours pour avoir ta note finale. La bonne nouvelle, c’est que tu as le temps de modifier les réponses plus d’une fois. C’est ça la beauté de la vie : tu peux constammen­t te reprendre.

Être triste de les voir s’éloigner de nous, c’est la chose la plus normale du monde. Mais il ne faut pas passer trop de temps là-dessus, car c’est surtout le moment d’être fiers. Si on a bien fait nos devoirs, les récompense­s risquent d’être merveilleu­ses pour tous. On pourra mettre nos étoiles sur le frigidaire pour souligner nos bons coups de parents. C’est juste torturant d’être soudaineme­nt assis sur un banc de spectateur.

Être triste de les voir s’éloigner de nous, c’est la chose la plus normale du monde. Mais [...] c’est surtout le moment d’être fiers.

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