Champions de l’usage illégal des drones
Les Québécois trônent au sommet quant au nombre d’amendes pour l’utilisation fautive de ces appareils
OTTAWA | Les Québécois sont les champions de la mauvaise conduite de drones, tant en ce qui a trait au nombre d’amendes reçues qu’aux incidents. Ce qui inquiète les experts qui craignent qu’un drame se produise si Ottawa n’agit pas rapidement.
Le Québec est-il le Far West des drones ? Sur un total de 20 amendes émises par Transports Canada à travers le pays pour utilisation illégale de ces appareils volants depuis le début de l’année, pas moins de 15 étaient au Québec.
C’est ce que révèlent des données du ministère des Transports canadien obtenues par Le Journal.
Au total, des Québécois ont reçu pas moins de 33 amendes depuis 2014, suivis de loin par les provinces de l’ouest canadien (15), puis l’ontario (3) et les provinces maritimes (3).
La plupart de ces amendes sont de 1000 $, mais certaines personnes et les rares entreprises qui ont été réprimandées ont reçu des constats allant jusqu’à 7000 $. La plupart des infractions sont liées à un vol de drone dans un endroit illégal, comme à proximité d’un aéroport.
Au total, des Québécois ont payé 19 250 $ pour les 15 constats d’infractions remis jusqu’ici en 2017. D’ailleurs, le nombre d’incidents impliquant des drones en sol québécois rapportés à Transports Canada a aussi bondi dans les dernières années, passant de trois en 2014 à 30 depuis le début de l’année.
MANQUE D’ÉDUCATION
L’augmentation du nombre d’amendes et d’incidents causés par des drones n’étonne pas du tout Benoît Germain, fondateur et formateur professionnel chez Exodrone.
Selon lui, les Québécois sont au sommet des infractions parce qu’ils sont nettement plus intéressés par les drones que le reste du pays.
Or, il dénonce le fait qu’il n’y a pas de formation obligatoire pour utiliser un drone et qu’il n’est pas obligatoire d’enregistrer un appareil pesant moins de 35 kg.
De nouveaux règlements proposés par le ministre des Transports devraient pallier une partie de ce problème, mais ils n’entreront pas en vigueur de sitôt. Entre-temps, il craint qu’un accident impliquant un drone et un avion se produise bientôt.
« Les gens ne connaissent pas les règlements, il va y avoir un drame. Je suis même étonné qu’il y ait eu si peu d’incidents au Québec jusqu’ici. Plus les drones vont proliférer, plus il va y avoir de risques », explique M. Germain, qui compare la situation actuelle à donner une voiture à quelqu’un qui ne connaît pas le Code de la route.