Voir aussi la chronique de Fatima Houda-pepin
Il y a trois ans, le camp souverainiste n’était qu’un « champ de ruines » et le Parti québécois, qu’un bateau à la « dérive », aux yeux de son ancien chef Jacques Parizeau.
Les organisateurs du 17e congrès national, qui s’est tenu à Montréal, du 8 au 10 septembre, ont montré qu’un parti relégué au troisième rang dans les sondages, déserté par bon nombre de ses militants au profit de la CAQ et de Québec solidaire, est capable de panser ses plaies et de faire face à la musique.
Ce qu’on retient de ce congrès c’est la performance de son chef, Jean-françois Lisée, qui a obtenu un vote de confiance sans équivoque. Mais un congrès partisan est d’abord un congrès des membres. C’est leur moment à eux, l’instance suprême où ils peuvent prendre le contrôle de leur formation politique pour s’y faire entendre et en influencer les orientations.
ORGANISATEURS AGUERRIS
C’est aussi l’oeuvre d’une machine d’organisateurs aguerris, supportée par une armée de bénévoles. Contre toute attente, cette fin de semaine, la machine péquiste n’a pas déraillé. Au contraire, elle a fait preuve d’une discipline qui lui a permis à elle aussi de passer le test.
Lors des prochaines élections générales d’octobre 2018, c’est cette même machine avec ses multiples associations locales qui va se déployer dans les 125 circonscriptions du Québec pour faire sortir le vote. Or, plus un parti a des bases bien enracinées sur le terrain, plus ses chances de gagner sont grandes.
Pour un parti dont certains avaient déjà écrit la nécrologie, les organisateurs péquistes avaient un message crucial à livrer, non seulement aux 1500 délégués rassemblés à Montréal, mais aussi à tous les électeurs : le Parti québécois est de retour. Seule ombre au tableau, et elle est majeure, c’est le vote francophone. Tant qu’il demeurera divisé, le Québec sera affaibli.
« UN PLAN SOLIDE. ZÉRO SLOGAN »
Jean-françois Lisée l’a annoncé dans son discours de clôture du congrès national, hier. Le thème de sa campagne électorale sera « Un plan solide. Zéro slogan ». À en juger par les nombreuses résolutions adoptées en fin de semaine, ce n’est pas la matière qui manque. Par contre, le « plan solide » reste à venir.
D’ici là, Lisée nous invite à lui faire confiance. Les délégués péquistes l’ont bien compris quand ils ont opté pour la voie du consensus au lieu de la confrontation qui colore généralement leurs débats.
Même sur les questions litigieuses comme la langue d’enseignement au collégial, ils ont évité les mélodrames, préférant faire dans l’ambiguïté plutôt que dans l’intransigeance. C’est au chef, maintenant, de faire les arbitrages nécessaires dans sa plateforme électorale.
Avec un score de 92,8 %, qui osera remettre en question le leadership de Jean-françois Lisée au sein du PQ ? Reste à savoir si celui qui a fait ses devoirs pour convaincre ses délégués au congrès national va persuader les souverainistes « désillusionnés » de rentrer au bercail pour « chasser les libéraux sans les remplacer par les caquistes et réaliser l’indépendance » lors d’un deuxième mandat.
Le premier ministre Robert Bourassa disait que « six mois, en politique, c’est une éternité ». Lisée a un an pour vendre son plan et convaincre l’électorat québécois de lui faire confiance pour diriger le Québec.