Le Journal de Quebec

L’art public, qu’ossa donne ?

- SOPHIE DUROCHER sophie.durocher @quebecorme­dia.com

Quel drôle de hasard ! La même semaine, deux oeuvres d’art public font leur entrée dans les deux principale­s villes du Québec.

À Québec, c’est La rencontre, les deux cerfs du duo d’artistes Cooke-sasseville devant le centre Vidéotron.

Et à Montréal, Source, un visage humain en lettres, de l’artiste barcelonai­s Jaume Plensa, à la nouvelle entrée de la ville.

Dans les deux cas, plusieurs vont se demander : « Qu’est-ce que ça veut dire, ces oeuvres-là ? » Selon moi, ça n’a absolument aucune importance. La seule question à se poser est la suivante : « Est-ce que ça me touche ? »

EFFET DE CERFS

Cette semaine, à l’émission que j’anime sur BLVD 102,1 à Québec, j’ai interviewé Pierre Sasseville, cocréateur de la sculpture des deux cerfs en bronze qui trône maintenant place Jean-béliveau. Quand je lui ai dit que beaucoup de gens à Québec se demandent quel est le rapport entre un grand joueur de hockey et des cerfs, il m’a répondu que la commande n’avait jamais été de créer une oeuvre à thème, reliée au sport. C’est pourtant ce malentendu de base qui a fait que l’oeuvre était controvers­ée avant même qu’on puisse l’admirer en vrai.

Mais Sasseville m’a dit que ça ne le dérangeait pas que ses créations suscitent la discussion.

« La pire chose qui puisse arriver à un artiste, c’est l’indifféren­ce », a-t-il admis. Autrement dit, qu’on en parle en bien, qu’on en parle en mal, le but de l’art public n’est pas d’être consensuel.

On s’en fout de comprendre « ce que ça signifie ». Pourquoi deux cerfs plutôt que deux bâtons de hockey ou deux fontaines ? L’important, c’est que ça vous touche.

Cet été, je suis allée à Chicago, une ville reconnue pour la variété, la quantité et la qualité de ses oeuvres d’art public. La plus connue est la fameuse « bine » d’anish Kapoor.

L’oeuvre, qui s’appelle en fait Cloud Gate, est l’attraction numéro un de la ville.

Chaque jour, des milliers de touristes se pressent devant et sous cette immense fève de métal dans laquelle on se regarde comme dans un miroir déformant.

Pourtant, personne ne saurait expliquer « ce que veut dire » cette oeuvre. Elle nous touche. Ou elle nous agace. Mais elle ne nous laisse pas indifféren­ts.

LE « VOCABULAIR­E » ARTISTIQUE

Personnell­ement, la seule chose qui me dérange avec ces oeuvres d’art public, c’est le « discours », le « vocabulair­e », le « blabla » crypto-intellectu­el qui les accompagne­nt. Par exemple, dans le communiqué présentant Dendrites, la deuxième oeuvre d’art public située dans le prolongeme­nt du boulevard Robert-bourassa à Montréal, la Ville de Montréal nous expliquait que les « dendrites » sont : « les projection­s ramifiées du neurone, qui propagent les stimulatio­ns cérébrales. [...] Gravir les marches de cette arborescen­ce évoque l’envol et met l’accent sur le rapport entre l’oeuvre, le corps des participan­ts et l’environnem­ent ».

Misère ! Ce sont juste trois escaliers qu’on monte sur des structures à l’aspect rouillé ! Source

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La rencontre

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